Extrait Dossier de l'Art

le rencontrions –, l’effigie est, de manière typique du peintre, efficacement placée « en tension » avec un paysage méticuleusement peint, que vient fermer la vue d’une cité lointaine, à gauche. L’attitude de l’homme en oraison, la présence d’un blason représenté au revers accréditent fortement la thèse selon laquelle nous nous trouvons en pré- sence non d’un tableau autonome, mais du volet d’un petit diptyque. Perdu, le panneau de gauche représentait, à n’en pas douter, une Vierge à l’En- fant face à laquelle l’orant était en train de prier. Holbein et l’art allemand Un autre point fort des collections pour ce qui concerne la riche période s’étendant entre la fin du XV e siècle et la première partie de la Renaissance regarde l’art allemand et les portraits de ce grand maître européen que fut l’Augsbourgeois Hans Holbein le Jeune (voir p. 28-29). Holbein exerça ses (considérables) talents entre un foyer majeur de l’humanisme au nord des Alpes, Bâle, et l’Angle- terre des Tudor où il mourut non sans s’être acquis, au préalable, un large « bagage » culturel au sein duquel l’art français côtoie celui de la Renaissance italienne, singulièrement de Léonard de Vinci et de ses disciples lombards. Les spécialistes inclinent aujourd’hui à retrancher de l’œuvre du maître le portrait de femme vêtue à la sévère manière des femmes de Souabe ou de Bavière qui passa longtemps pour représenter l’épouse du peintre, Elsbeth Binzenstock. Le tableau, qui n’est pas sans faiblesses (les mains paraissent ainsi curieuse- ment flasques), cesse-t-il d’être intéressant pour autant ? L’étrange sentiment de fascination qui en émane a-t-il disparu ? Certes pas. Possédant un impressionnant pedigree (il appartint à Charles I er d’Angleterre avant d’entrer dans les collections de Guillaume V d’Orange), ce portrait féminin intrigue. Certains éléments léonardesques (ou pour mieux dire « jocondesques »), qui le firent d’ailleurs attri- buer au grand maître toscan de manière évidem- ment fantaisiste, se prêtent à bien des conjectures. Du prince Guillaume provient également un por- trait de la troisième femme du redoutable Henri VIII d’Angleterre, Jane Seymour, par Holbein. L’effigie n Anonyme allemand (jadis attribué à Hans Holbein le Jeune), Portrait d’une femme du sud de l’Allemagne , vers 1520-25. Huile sur bois, 45 x 34 cm. inv. 275 n Hans Memling, Portrait d’un homme de la famille Lespinette (?) , vers 1485-90. Huile sur bois, 30,1 x 22,3 cm inv. 595

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