Extrait Dossier de l'Art

DOSSIER DE L’ART 284 / 15 roclite se cachait un projet : donner, dans un espace res- treint (un microcosme), une représentation raisonnée de l’ensemble du monde (le macrocosme). Ces cabinets, qui posent la question du classement des organismes vivants, s’accompagnent bientôt de jardins botaniques et de petits zoos. Conséquemment, le XVIII e siècle va être le moment de la mise en ordre de la nature. Les États veulent alors connaître leur géographie précise, et bientôt les expédi- tions se font scientifiques. Des naturalistes professionnels y prennent part et ramènent des données essentielles sur des contrées jusqu’alors inexplorées. L’Europe savante est alors agitée par la question de la forme exacte du globe terrestre : est-il aplati aux pôles ? Pour cela, deux expé- ditions sont organisées par l’Académie des sciences de Paris. Pierre Louis Moreau de Maupertuis part en Laponie en 1736 pour y mesurer la longueur d’un arc de méridien, tandis que les astronomes Louis Godin, Pierre Bouguer et Charles Marie de La Condamine, accompagnés du bota- niste Joseph de Jussieu, partent au Pérou, près de l’équa- teur. Mesure faite, La Condamine est le premier Européen à descendre l’Amazone. Jussieu explore la Cordillère des Andes jusqu’au lac Titicaca. Les découvertes sont éton- nantes : en botanique, quinquina, hévéa, coca, orchi- dées… ; en zoologie, oiseaux-mouches, papillons, tapir… Les collections qui s’accumulent nécessitent de manière impérieuse une mise en ordre. En botanique, les classi- fications se multiplient, et le « système sexuel » de Carl von Linné, de maniement simple voire simpliste, fait flo- rès. Linné utilise la nomenclature binominale (un nom de genre et un nom d’espèce). Son Systema naturae sera une référence majeure pour le XIX e siècle. Il persuade en outre ses meilleurs étudiants de courir le monde, tel Carl Peter Thurnberg. Les premières grandes circumnavigations sont inaugurées en 1766 par Louis Antoine de Bougainville, qui voyage au Brésil et dans l’océan Pacifique. ÂţěʅčůţţaŀƞƞaţčěʅNJaƞƪěʅ čůššěʅŘěʅšůţĔě Tandis que l’astronome Pierre-Antoine Véron donne pour la première fois une mesure fiable de la largeur de l’océan Pacifique, le passage de la planète Vénus entre la Terre et le Soleil, le 3 juin 1769, visualisé par le déplacement pen- dant quelques heures d’un petit disque noir sur le Soleil, fait l’objet de mesures qui permettent de calculer la dis- tance Terre-Soleil. Si Véron quitte Bougainville pour aller réaliser cette mesure aux Moluques, James Cook observe ce transit à Tahiti. Reprenant son voyage, il s’arrête en Australie, à Botany Bay, avec son botaniste Joseph Banks. n Carte de l’arc de méridien mesuré aux environs de Quito par La Condamine. Paris, bibliothèque de l’Institut de France, Cartes et Plans, Ms1892 © RMN (Institut de France) – G. Blot

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