Extrait Dossier de l'Art

14 / DOSSIER DE L’ART 284 Quand les expéditions repoussent les LIMITES du monde Poursuivant l’exploration des continents ouverte par les voyageurs natura- listes au siècle précédent, le XIX e siècle donne aux expéditions scientifiques une envergure sans précédent. Célèbres et bientôt légendaires, les savants qui s’embarquent à la découverte des merveilles de la nature en rapportent aussi les méthodes sur lesquelles fonder de nouveaux savoirs. PAR HERVÉ LE GUYADER En 1620, dans son De novum organum scien- tiarum , Francis Bacon prédit l’avancement conjoint de l’expérimentation et de l’obser- vation de la nature afin de favoriser les pro- grès des sciences. Sur le frontispice de son ouvrage, deux caravelles passent le détroit de Gibraltar... Cette analogie devient particulière- ment féconde aux XVIII e et XIX e siècles, lorsque voyages et sciences s’influencent, participant à la construction du concept de nature. De la curiosité Ă Řa ƞčŀěţčě Ne nous y trompons pas. Les premiers grands voyages ne sont pas marqués du sceau de la science. Ce sont des expéditions de conquête et, pour les épopées maritimes à la recherche des épices, une passion héritée, en Europe, des croisades. Mais avec eux, ce sont bel et bien de multiples artefacts de toute nature qui reviennent en Europe, alimentant les discus- sions des érudits humanistes et le développe- ment des cabinets de curiosités où se mêlent objets d’histoire naturelle ou d’ethnologie en provenance de pays lointains, monnaies et sculptures anciennes, tableaux et dessins… Sous ce qui nous paraît un entassement hété- n Anne Vallayer-Coster, Panaches de mer, lithophytes et coquilles , 1769. Huile sur toile, 130 x 97 cm Paris, musée du Louvre. Photo service de presse © Musée du Louvre, dist. RMN – A. Dequier

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