Extrait Dossier de l'Art

LES PRÉMICES DU RENOUVEAU / 1890-1900 DOSSIER DE L’ART 281 / 9 ganiser son propre Salon, en vain. En revanche, fondée en 1880 en qualité d’organe o"ciel de l’Union centrale, la Revue des Arts décoratifs , dont la mission première était la mise en place d’un musée des Arts décoratifs – il sera inauguré le 29 mai 1905 dans le pavillon de Marsan du Louvre –, se révéla être un remarquable instrument de propagande au service de la réévaluation des « arts mineurs » bannis des manifestations artistiques o"cielles et de la promotion d’un enseignement professionnel spécifique. Grâce à Victor Champier, son infatigable et tenace rédacteur en chef, elle publiait chaque mois des textes de très haute qua- lité dont on ne trouve l’équivalent qu’une dizaine d’années plus tard lorsque la Revue encyclopédique , reprise par la mai- son Larousse, soutiendra le mouvement de rénovation des arts décoratifs, notamment par la plume d’un inspecteur général des musées, qui fut aussi un écrivain et un pen- seur : Roger Marx. Lequel déclarait en 1892 : « Sans contredit, l’heure n’est pas donnée de saluer l’avènement d’un style nouveau ; mais il est déjà loisible d’en pressentir les éléments. » Les arts « mineurs » aux Salons ! Il fallut attendre l’admiration, nationale et internatio- nale, que suscitèrent les chefs-d’œuvre de l’Exposition universelle de 1889, tout particulièrement dans les arts du feu où se distinguèrent des artistes comme Émile Gallé (1846-1904), Auguste Delaherche (1857-1940), Ernest Chaplet (1835-1909), pour qu’artistes, fabricants et cri- tiques réclament à nouveau l’ouverture du Salon annuel aux arts décoratifs. La Société des artistes français res- tant sourde à cette revendication, un groupe d’artistes fit sécession : ainsi naquit la Société nationale des beaux- arts. En 1890, elle organisait son premier Salon au palais du Champ-de-Mars, bâtiment qui datait de l’Exposition universelle de 1878 et, l’année suivante, accueillait les arts décoratifs : « La Société, s’adressant aux travailleurs iso- lés, à ceux dont les œuvres trouvent di"cilement place dans les expositions mercantiles et encombrées dites d’Art décoratif, fera tous ses e#orts pour mettre ces travaux en vue et assurer ainsi le succès et la propriété des inven- tions toutes personnelles. » Cette admission, doublée de la création d’une section spéciale, reflétait la di#usion d’une doctrine : celle de l’unité de l’art, en vertu de laquelle l’art est un, et seules ses manifestations sont multiples. Deux ans plus tard, cette conception s’imposait : les architectes pouvaient exposer dans leur propre section tout ce qui se rapportait à la décoration intérieure et à l’ameublement.

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