Extrait Dossier de l'Art

12 / DOSSIER DE L’ART 275 Baldung Grien et la leçon de Dürer Chichement documentées – elles doivent sur- tout être « déduites » des œuvres –, les rela- tions entre Albrecht Dürer et Hans Baldung n’en constituèrent pas moins une étape fon- damentale dans le cheminement de ce dernier. Le disciple sut toutefois préserver de cette influence écrasante une singularité qui est le fait des grands artistes. PAR ALEXIS MERLE DU BOURG L’étroitesse des relations de maître à disciple unissant Dürer et Baldung à Nuremberg dans les premières années du XVI e siècle n’est guère contestée, en dépit de la rareté des éléments documentaires et archivistiques. On doit d’abord mentionner le témoignage de Dürer lui-même qui, lorsqu’il se rendit dans les Pays-Bas entre 1520 et 1521, emporta des estampes de « Hans Grun » (il y fait référence à deux reprises dans son Journal ). Dürer joua certes les colporteurs durant son périple, ce qui était peu digne de cet homme de génie, mais s’il emporta des gravures de son cadet pour les vendre ou les o"rir, en même temps que les siennes, il faut y voir la preuve que l’estime pour l’artiste et l’amitié pour l’homme n’avaient pas faibli avec les ans. L’autre indice est une mèche de cheveux de Dürer, sorte de relique profane, aujourd’hui conservée à l’Akademie der bildenden Künste de Vienne. Son propriétaire dans la seconde partie du XVI e siècle, le peintre, his- torien et collectionneur Sebastian Bühler, assura que la boucle, cou- pée posthumément en 1528, avait appartenu à Baldung Grien « peintre talentueux et citoyen de Strasbourg », ce qui traduit l’attachement persistant de ce dernier à son ancien maître. Q Sainte Catherine et Sainte Barbe , vers 1505-06 Tempera sur bois, 157 x 59 cm (chaque volet) Schwabach, église Saint- Martin © Institute for Material Culture – University of Salzburg

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