Extrait Dossier de l'Art

DOSSIER DE L’ART 260 / 9 matrice de toutes celles à venir (1531), etc. Au carrefour d’un com- merce atlantique exponentiel et des échanges avec le Nouveau Monde (sucre, épices, métaux hispano- portugais) et de celui des matières premières et des biens manufacturés de l’ancien, on estime qu’au début du XVI e siècle Anvers draina jusqu’à 40% du trafic mondial. Ainsi que l’a écrit Fernand Braudel, pour la première fois de l’Histoire, une ville, devenue la plus riche d’Europe, occupa le centre même de l’économie mondiale. À cet essor économique hors pair répondit symétriquement celui d’une culture exigeante et d’une production artis- tique de la plus haute qualité, notam- ment picturale. Avec ses peintres maniéristes (le nom induit en erreur ; il s’agit d’artistes chez qui l’esthétique du Moyen Âge tardif tend à s’exaspé- rer) et de fortes personnalités comme Quentin Metsys (1465/66-1530), lui- même originaire de Louvain, l’école anversoise prendra, pour longtemps, le « leadership » dans les Pays-Bas. 2. L’édifice ne sera achevé qu’en 1535. 3. Hautement qualifiés, les étrangers représentèrent jusqu’à un septième d’une population qui dépasse le chiffre considérable de 100 000 habitants en 1568. Quentin Metsys, Triptyque de la Déploration du Christ (ouvert). Huile sur bois, 120 x 263 cm Anvers, Musée royal des beaux-arts © Lukas – Art in Flanders VZW – H. Maertens D ürer à Anvers En 1520, Dürer séjourne dans les Pays-Bas ; grâce à son journal, on connaît par le menu toutes les péripéties du voyage. Parmi les villes où il s’attarde figure Anvers. Arrivé le 3 août, il est reçu avec force égards par les peintres de la ville. Quentin Metsys et Joachim Pa- tenier sont de ceux qu’il fréquentera. De retour de Bruxelles, il assiste à l’entrée so- lennelle de Charles-Quint à Anvers. Dans son carnet, il dessine à la pointe d’argent paysages et objets. Son beau dessin du port d’Anvers donne une vision trompeuse- ment tranquille d’un lieu qui émerveilla les Européens par son activité fébrile. Dürer pourrait aussi avoir laissé une vue de la cathédrale et de sa flèche, avant de quitter la ville qui venait pourtant de lui offrir de s’installer à demeure contre rétribution. Albrecht Dürer, Le Port d’Anvers , 1520. Dessin à la plume, 21,3 x 28,7 cm Vienne, Albertina © The Albertina Museum, Vienna © akg-images

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