Extrait Dossier de l'Art

8 La construction du château s’inscrit dans un programme méthodique entrepris par l’un des principaux personnages du royaume, le connétable Anne de Montmorency, chef des armées, grand diplomate, figure majeure de la cour de France, pour moderniser l’ensemble de ses rési- dences. Emblématique de la Renaissance française, l’édifice est toute- fois déroutant car il témoigne d’une recherche permanente demodernité et d’innovation qui a infléchi le cours d’une construction pourtant rapide. UN PARTI PLUTÔT TRADITIONNEL Le château fut élevé sur l’emplacement d’une ancienne forteresse médiévale dont on ne sait rien. On date traditionnellement la recons- truction d’Écouen de 1538, année où Anne de Montmorency obtient le titre de connétable qui confirme une position sans équivalent à la cour de France. On ignore le nom de l’architecte qu’il a sollicité, et cet oubli est révélateur : c’est le connétable qui apparaît comme le vérita- ble auteur du château où il a partout laissé son empreinte. Les lucarnes, les vitraux, les plafonds et les pavements sont saturés de ses armoiries, de ses emblèmes et de son monogramme. Les ailes du château s’élèvent au niveau du sol en 1539, selon le témoignage d’un ambassadeur de Mantoue, et les dates de 1542 et 1544 portées sur plusieurs vitraux destinés à fermer les fenêtres permettent de suppo- ser qu’une partie importante de la construction était déjà en voie d’achèvement à ce moment. Selon une tradition qui remonte au Moyen Âge, le château se compose de quatre ailes autour d’une cour de plan presque carré. Dans les élé- vations, on retrouve le principe des hautes fenêtres alignées les unes au-dessus des autres et couronnées par des lucarnes de pierre qui se détachent sur de hautes toitures d’ardoise : cette formule, elle aussi médiévale, témoigne de la permanence de certains choix formels dans l’architecture française. Ces choix n’excluent pas les innovations : les façades sont réglées par des moulures horizontales et des bandeaux

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