Extrait Dossiers d'Archéologie

38000 ans. Accumulateurs principaux des ossements, les hommes ont choisi les animaux lors de chasses bien organisées ou de charognage actif. Ils s’installent sur le site à une période particulière pour y rapporter des carcasses ou des portions de carcasses de grands herbivores : chevaux, bisons, cerfs, rennes ou bouque- tins. Sur ces installations saisonnières, deux ou trois espèces principales correspondent aux besoins ou aux habitudes des groupes, quelques prises occasion- nelles nous donnent une meilleure idée de la biodi- versité à cette période de l’année, alors que sur les sites de boucherie, c’est-à-dire les lieux même où les animaux sont abattus, une espèce principale est pré- sente, comme par exemple les bisons à Mauran dans les contreforts des Pyrénées. Les repaires de carnivores sont abondants à l’époque où vivait Néandertal, les grands carnivores sont pré- sents et parfois très nombreux. Ours, hyènes, lions, panthères, loups rapportent dans leurs tanières de grandes quantités d’ossements. Ces animaux ont des proies de prédilection mais on peut néanmoins trou- ver dans ces sites, actuellement fouillés systématique- ment, une représentation assez juste de la faune environnante ainsi que de nombreux carnivores, ce qui permet de comprendre les phénomènes de compétition intra et inter spécifiques. Le troisième type de gisement fossilifère est le site naturel : un aven-piège, un marécage où les animaux s’enlisent, ou encore une accumulation de faune suite à un événement catastrophique comme une inonda- tion ou une éruption volcanique. Les animaux sont alors piégés sans tri préalable : ces sites sont très utiles pour reconstituer une biocénose * plus complète. Quelle faune a rencontré Néandertal ? Les oiseaux, les batraciens et les reptiles sont relati- vement proches de ceux que l’on connaît à l’époque actuelle. Leur importance relative est surtout liée à la température et à l’humidité. Certains rongeurs arc- tiques comme les lemmings vont opérer des migra- tions spectaculaires à travers toute l’Eurasie. Ces communautés révèlent précisément les conditions environnementales de la période. Les ours et les loups vont évoluer et seront un excellent support pour confirmer les datations des sites. Les ours des cavernes ( Ursus spe- laeus ), connus dès 200 000 ans, augmentent de taille, leurs dents deviennent plus larges et leur régime alimentaire évolue vers un régime de moins en moins carné. Les loups ( Canis lupus ) vont également devenir de plus en plus gros, en particulier dès 80 000 ans. Au contraire les félins, hyènes ou blaireaux ne semblent pas être affectés morphologique- ment pendant cette période. Des espèces arctiques, renard polaire, glouton ou lynx boréal, vont migrer vers l’Europe méditerra- néenne lors des péjorations climatiques en suivant leurs proies de prédilection. Parmi les pachydermes, le mammouth et le 27 Les faunes du temps de Néandertal Dégagement d’une mandibule de rhinocéros de prairie sur un site de boucherie du Paléolithique moyen à Caours (Somme). © Cl. Delaye/CNRS Photothèque Mandibule de panthère ( Panthera pardus ) de la grotte de Boquete de Zafarraya (Andalousie). © Y. Chevallier, CERP Tautavel

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