Extrait Dossiers d'Archéologie

Au début du XI e siècle, la communauté se com- posait d’une cinquantaine de moines. Le monas- tère préroman étant trop exigu, l’abbé Hildebert fit édifier à partir de 1023 au sommet du rocher une grande église, qui fut achevée vers 1085. De cette église romane on peut encore admirer le transept, avec les cryptes Notre-Dame-des-Trente-Cierges et Saint-Martin qui en soutiennent les bras nord et sud, et quatre travées de la nef, qui en comptait sept à l’origine. En contrebas de celle-ci, du côté nord, l’abbé Ranulphe (1055-1085) fit édifier des bâtiments pour loger les moines et accueillir les pèlerins. Il en subsiste quelques salles, très rema- niées au XII e siècle. En dehors des temps de prière, les moines copiaient et enluminaient des manuscrits. Le scrip- torium du Mont a connu son apogée durant la seconde moitié du XI e siècle, comme le montre la trentaine de manuscrits conservés, écrits à la per- fection et superbement illustrés. UN CENTRE DE PÈLERINAGE MAJEUR Le premier pèlerin connu, un moine nommé Bernard, est venu au Mont vers 867, après être allé à Rome, au Monte Gargano, et à Jérusalem. Pour se rendre au Mont, les pèlerins de saint Michel, les miquelots, suivaient des routes appelées « che- mins montais », dont la première mention se trouve dans une charte du duc de Normandie Richard II datée de 1025, bien avant l’apparition des chemins de Saint-Jacques. La multiplication des miracles attribués à l’ar- change encourageait les pèlerins à prendre la route du Mont ; vers 1080-1085, un moine rassem- bla dans un recueil les récits des premiers miracles afin d’en conserver le souvenir. Ainsi, en 1011, une femme enceinte se mit en chemin vers le Mont ; au retour, surprise par la marée montante, elle fut épargnée en priant saint Michel et mit au monde, au milieu des flots, un garçon, qu’elle surnomma Péril. UN ABBÉ EXCEPTIONNEL, ROBERT DE TORIGNI En 1154, les moines choisi- rent comme abbé Robert de Torigni (1154-1186), prieur du Bec-Hellouin, avec l’accord d’Henri II Plantagenêt, duc de Normandie et roi d’Angleterre. Grâce au soutien du monarque, Robert de Torigni put défendre Dossiers d’Archéologie / n°388 8 SAINT MICHEL, L’ARCHANGE DE LUMIÈRE Saint Michel est un archange dont le nom signifie en hébreu : « Qui est comme Dieu? » Il terrasse le dragon ou Satan et symbolise ainsi la victoire de la lumière sur les ténèbres. Il est aussi celui qui, à l’heure du Jugement dernier, pèsera les âmes des hommes, conduisant ensuite les élus au paradis, tandis que Satan emmènera les damnés en enfer. Saint Michel terrassant le dragon, statue d’Emmanuel Frémiet, placée au sommet de la flèche de l’église le 6 août 1897. Photo H. Decaëns. La crypte Notre-Dame- des-Trente-Cierges. Photo H. Decaëns.

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