Extrait Dossiers d'Archéologie

et l’historien Camille Jullian (1859-1933) la regar- dait comme un document médiocre –, mais plutôt un schéma d’itinéraires de base représentés presque toujours dans le sens horizontal. Sur ces tracés linéaires indépendants les uns des autres, chaque coude paraît représenter un relais, et sur la ligne figurant la route un chiffre précise la longueur de l’étape. Le voyageur y trouve ainsi les rensei- gnements pratiques dont il a besoin : route la plus directe, distances, commodités offertes dans les haltes qui ponctuent le trajet. À la différence de la Table, l’Itinéraire d’Antonin n’est pas illustré. C’est une sorte de livret indicateur qui énumère de manière fastidieuse les voies de l’Empire, avec les étapes et les distances qui les séparent. Ce travail de compilation fait penser aux livrets de poste que consultaient jadis les voyageurs au temps des diligences. Le document, dont la composition semble bâclée, partage arbitrairement certaines voies majeures en plusieurs tronçons et omet des villes importantes. De plus, son utilisation pratique est rendue difficile par l’absence de voies dans le centre-ouest de la Gaule et la confusion fré- quente entre deux mesures : le mille romain (1481 m) et la leuga (lieue gauloise, 2222 m). Compte tenu de l’encombrement de ces docu- ments – surtout de la Table! – on peut supposer que des extraits correspondant au trajet choisi pouvaient être copiés par le voyageur sur des tablettes ou sur un parchemin. Il pouvait ainsi, tout à loisir, les consulter au fur et à mesure de sa progression. LES INDICATEURS ROUTIERS Dressés dans les villes ou à certains carrefours majeurs, ce sont des colonnes polygonales qui ren- seignent le voyageur en donnant des informations sur différents itinéraires, les stations qui les jalon- nent et les distances qui les séparent entre elles. Ces indicateurs ont une fonction de renseigne- ment public et sont implantés en des points stra- tégiques pour les déplacements terrestres. Celui qui a été découvert à Tongres se présentait à l’ori- gine sous la forme d’un pilier octogonal gravé sur chacun de ses côtés. Il n’en reste que trois faces incomplètes portant sur les voies de Cologne à Worms, de Cologne (?) à Reims / Soissons /Amiens, de Cassel à Arras et de Bavay à Saint-Quentin (?). Celui d’Autun est connu par trois fragments qui appartenaient à un monument polygonal sur lequel ils étaient fixés. Placé à un carrefour de la ville, cet indicateur, dont les distances sont expri- mées en milles, s’apparente à un véritable pan- neau routier actuel, puisque l’un des morceaux – aujourd’hui perdu – mesurait 3 m sur 2 m. Le voya- geur y trouvait des précisions sur des destinations tout à la fois proches et lointaines. Proches avec les stations de trois (peut-être quatre) voies rayonnant autour d’Auxerre ; un peu plus lointaines avec des indications portant sur la route d’Autun au Rhin ; fort éloignées, enfin, avec l’itinéraire d’Autun à Rome et des stations de la via Aemilia en Italie… Visible de loin, cet indicateur, avec ses lettres hautes de 1,2 cm, était de lecture aisée pour Dossiers d’Archéologie / n°387 14 Faire bon voyage à l’époque romaine Indicateur routier d’Autun, I er - II e siècle après J.-C. Autun, musée Rolin. Photo S. Prost. Indicateur routier de Tongres. Bruxelles, musée du Cinquantenaire. © Fototheek Kmkg

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