Extrait Art et Métiers du Livre

12 AML N° 353 L’ A C T U A L I T É d es expositions L’histoire est connue : Gaston Galli- mard refuse de publier le premier volume intitulé Du côté de chez Swann qui paraîtra chez Grasset, à compte d’auteur, en 1913. Puis il se ravise pour devenir l’éditeur histo- rique de Marcel Proust à partir de À l’ombre des jeunes filles en fleurs , qui obtient le prix Goncourt en 1919. Lorsque Proust meurt d’une bron- chite mal soignée le 18 novembre 1922, il n’a pas publié la totalité de son grand œuvre. C’est son frère Robert ainsi que les équipes de la Nouvelle Revue Française qui vont superviser l’édition des trois der- niers tomes de la Recherche . Com- ment cette œuvre-fleuve a-t-elle été imaginée, fabriquée jusqu’à devenir l’une des plus célèbres de la littéra- ture mondiale ? C’est ce que la BnF nous fait découvrir. Depuis une ving- taine d’années, les spécialistes se sont penchés sur les manuscrits et documents de l’écrivain afin d’en ex- plorer toutes les singularités, les per- sonnages souvent inspirés de figures réelles que Proust a rencontrées, les expressions, les symboles, les lieux. La numérisation récente de l’intégra- lité des archives a facilité leur travail, de même que deux publications iné- dites : L’Agenda 1906 – carnet de notes préparatoires à la première partie du premier tome – et Les Soixante-Quinze Feuillets datés de 1908, état le plus ancien du roman. Le parcours de l’exposition reprend l’ordre chronologique de publica- tion de 1913 à 1927 en commen- çant par la fameuse phrase initiale, « Longtemps je me suis couché de bonne heure », pour s’achever sur LeTemps retrouvé . Chacun cherchera bien sûr l’épisode de la madeleine qui réveille des souvenirs enfouis, épisode célèbre entre tous. Cer- tains manuscrits sont exposés pour la première fois, recouverts de paperoles, ces petits morceaux de papier collés et repliés dans les cahiers où l’auteur a modifié son texte. Quelques objets embléma- tiques de l’univers de Marcel Proust viennent compléter le parcours : une lanterne magique, un kaléidos- cope, des robes de Fortuny et de nombreuses photographies. Claire L’Hoër Marcel Proust, la fabrique de l’œuvre, jusqu’au 22 janvier 2023, Bibliothèque nationale de France, quai François Mauriac, 75013 Paris. Du mardi au samedi de 10h à 19h, dimanche de 13h à 19h. Tél. : 01 53 79 59 59, site Internet : bnf.fr Marcel Proust, la fabrique de l’œuvre Dans une exposition consacrée à Marcel Proust pour les 100 ans de sa disparition, la Bibliothèque nationale de France met au jour les mécanismes du processus de création dans son roman majeur, la Recherche du temps perdu . Grâce aux abondantes archives données en 1962 par la nièce de l’écrivain, le visiteur décrypte tome après tome l’écriture du chef-d’œuvre. De haut en bas : Jacques-Émile Blanche (1861-1942), Portrait de Marcel Proust , 1892, huile sur toile. © RMN-Grand Palais (musée d’Orsay) / Hervé Lewandowski. Marcel Proust, À l’ombre des jeunes filles en fleurs , planche n° 17 sur les épreuves NRF, pliée et glissée dans l’exemplaire n° XIX de l’édition de luxe de 1920. Fragments d’épreuves corrigées et ajouts manuscrits, BnF, Réserve des livres rares. © BnF.

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