Extrait Art et Métiers du Livre

L E C A R N E T DU B I B L I O P H I L E L a promenade du bibliophile 60 AML N° 345 De haut en bas : Portrait photographique de Charles Baudelaire. © DR. Plaque commémorative au 13, rue Hautefeuille, dans le 6 e arrondissement. © DR. Baudelaire et Paris Parisien, Charles Baudelaire connaît le passage de la cité encore médiévale à la ville haussmannienne claire et percée de grandes artères neuves ; et tan- dis qu’il observe cette métamorphose, le souvenir du Paris disparu le plonge dans la mélancolie, le célèbre spleen qui étreint son œuvre. Paris est comme indissociable de ses écrits, à tel point que les mots Tableaux parisiens forment le titre d’une des deux parties des Fleurs du mal . Un jour nouveau se lève sur la capitale. Baudelaire naît le 9 avril 1821, au 13 de la rue Hautefeuille, dans le 6 e arrondissement. Tandis que la ville est encore une agglomération encombrée, le Quartier latin est le lieu de son enfance heureuse, marquée par la figure de sa mère dont il est alors particuliè- Baudelaire nous entraîne à sa suite dans la capitale qu’il a hantée toute sa vie. De la boue de cette agglomération en pleine expansion, il a su tirer, par son incroyable talent, de l’or : l’or de sa poésie, de ses vers si bien ciselés, qui vous fera, à coup sûr, redécouvrir Paris sous un nouveau jour. Mais l’harmonie familiale est gâtée lorsque la mère de Charles se remarie avec le chef de bataillon Jacques Aupick ; révolté par les valeurs tradition- nelles que celui-ci incarne, le futur poète se voit rement proche. C’est à Paris toujours que reste sa famille après la mort de son père sexagénaire ; âgé seulement de six ans, Charles quitte avec sa mère et son demi-frère l’appartement de la rue Haute- feuille pour s’installer au 50 puis au 30 de la rue Saint-André-des-Arts. Ils passent l’été à Neuilly, dans une petite maison à proximité du Bois de Boulogne, dont l’ambiance apaisante est comme un baume ; et longtemps, sa poésie en gardera la trace. « Le vieux Paris n’est plus (la forme d’une ville Change plus vite, hélas ! que le cœur d’un mortel) ; Je ne vois qu’en esprit, tout ce camp de baraques, Ces tas de chapiteaux ébauchés et de fûts, Les herbes, les gros blocs verdis par l’eau des flaques, Et, brillant aux carreaux, le bric-à-brac confus. » Le Cygne « Je n’ai pas oublié, voisine de la ville, Notre blanche maison, petite mais tranquille ; Sa Pomone de plâtre et sa vieille Vénus Dans un bosquet chétif cachant leurs membres nus ; – Et le soleil, le soir, ruisselant et superbe, Qui, derrière la vitre où se brisait sa gerbe, Semblait, grand œil ouvert dans le ciel curieux, Contempler nos dîners longs et silencieux, Et versait largement ses beaux reflets de cierge Sur la nappe frugale et les rideaux de serge. » Spleen et idéal, LXX

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