Extrait Archéologia

5 Des voyages aux grandes fouilles Attachés à la production de données primaires et originales, les membres de l’École française d’Athènes menèrent à partir de 1850 les premières explorations de terrain sous forme de voyage, accompagné ou non de fouilles, en Méditerranée balkanique et orientale, de l’Épire à l’Asie Mineure et de l’Albanie à la Crète. Ils choisissaient leur mission dans une liste de propositions que publiait chaque année l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres et rédigeaient un mémoire illustré qui constituait les « envois d’Athènes », sur le modèle des envois de Rome de l’Académie des Beaux-Arts. En 1856, par exemple, Fustel de Coulanges publia un mémoire sur l’île de Chio, issu d’une enquête de terrain réalisée en 1854, mêlant « géographie comparée », sondages, relevés des monuments récents et étude du dialecte moderne. À partir de 1869 sous la direction de É. Burnouf, puis celle de Al. Dumont, l’École française inaugure l’ère des grandes fouilles avec la première exploration de Santorin, puis celles de Délos en 1872, de Delphes en 1892, d’Argos en 1902, de Thasos en 1912, de Philippes en 1914 et de Malia en 1922, pour ne citer que les plus grandes. Un riche programme de recherches Aujourd’hui l’École française d’Athènes déve- loppe un programme de recherches archéo- logiques qui couvre toutes les périodes de l’histoire de l’hellénisme, en Grèce, à Chypre et en Albanie : le Néolithique et l’âge du Bronze (Klimonas, Dikili Tash, Kirrha, Malia), les époques géométriques et archaïques (Ana- vlochos), classiques et hellénistiques (Thasos, Delphes, Argos, Délos, Dréros), romaine et byzantine (Philippes) et franque (Amphissa). Elle étend son action au patrimoine plus récent, par exemple aux monuments otto- mans à l’inventaire desquels elle participe. Aux études d’architecture, de sculpture, de céramique et d’épigraphie, elle a intégré ces dernières années les recherches en géomorpho- logie et en paléo-environnement, contribuant par là à replacer les ensembles monumentaux dans leur contexte régional. Elle complète la recherche de terrain avec des relevés aériens par drone et des explorations sous-marines (Égine, Délos), et enrichit l’étude du matériel par l’analyse et la caractérisation des maté- riaux, en collaboration avec des institutions grecque (éphorie des antiquités sous-marines) ou françaises (musée du Louvre – Centre de recherche et de restauration des musées de France, Aix-Marseille université, Maison de l’Orient, etc.). Nouvelles missions Deux nouvelles missions ont été ajoutées ces dernières années. Tout d’abord, l’École fran- çaise d’Athènes participe activement à la création des outils numériques de la recherche, par la mise au point de Système d’information géographique (SIG) en ligne pour tous les sites où elle intervient ou la création de portails documentaires avec, par exemple, la mise à disposition de sa collection d’estampages anciens ou des rapports de fouilles réalisées en Grèce chaque année (Chronique des fouilles en ligne). Ensuite, l’institution s’est impliquée dans les actions de protection et de mise en valeur du patrimoine hellénique à la découverte duquel elle a participé, en particulier face aux risques naturels (montée du niveau de la mer, érosion, tremblement de terre) et humains (développement du tourisme). Pour répondre à ces défis nouveaux, l’École mène une politique active de recherche de financements auprès d’acteurs publics ou privés, de partenariats originaux (avec le Parc archéologique de Pompéi) et de promotion du patrimoine grec grâce à des publications ou des expositions destinées au public le plus large. Carte des sites archéologiques de l’École française d’Athènes. © EFA Alexandre Farnoux, directeur de l’École française d’Athènes. © EFA

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