Extrait Archéologia - HS n°25

8 Archéologia : Comment est née l’idée de consacrer une exposition à Homère ? Alexandre Farnoux : Elle est née de la constatation que la référence à Homère, que ce soit au poète en lui- même ou aux personnages de l’ Iliade et de l’ Odyssée , est ininterrompue depuis l’Antiquité. Ces deux œuvres n’ont cessé d’irriguer l’imaginaire des différentes civilisations héritières de la Grèce. Nous nous sommes interrogés sur cette permanence et sur cette connivence que nous maintenons avec cet univers, aussi bien dans la langue courante (comme l’expression « le talon d’Achille »), dans le dessin animé (tel le franco-japonais Ulysse 31 ) ou le cinéma (avec par exemple Troie de l’américain Wolfgang Petersen, sorti en 2004), que dans n’importe quel autre domaine ! Les noms d’Achille, d’Hector ou d’Ulysse continuent encore aujourd’hui de résonner dans nos esprits. Cette exposition n’est pas la première consacrée à ce sujet. Quelle est l’originalité de votre projet ? Nous avons voulu sortir des sentiers battus et ne pas refaire ce qui avait été très bien traité dans les deux expositions précédentes montées à Stuttgart ( Troia–Traum undWirklichkeit en 2001) et à Bâle ( Homer, the Myth of Troy in Poetry andArt en 2008), comme lors de deux événements plus petits en France, à la Bibliothèque nationale de France ( Homère, sur les traces d’Ulysse en 2006-2007) et à l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris ( Dieux et Mortels. Les thèmes homériques dans les collections de l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris en 2004). Chacune avait montré un aspect de l’œuvre d’Homère et de son rayonnement, dans l’archéologie, dans la littérature ou dans les arts. Malgré son caractère fondamental, Homère n’avait encore jamais fait l’objet d’une rétrospective de grande ampleur en France, et c’est ce défi que compte relever la présentation du Louvre-Lens, pour essayer de comprendre ce «miracle » qu’est Homère. Il reste la première référence qui vient à l’esprit quand on parle d’épopée et a fourni des modèles dans un grand nombre de domaines dès l’Antiquité – les artistes ont puisé dans ses récits une multitude de sujets fondamentaux de l’histoire de l’art. Cette prégnance du monde homérique nous a paru particulièrement frappante. « Au V e siècle avant notre ère, les Grecs, intéressés par leur origine, cherchent déjà la tombe d’Agamemnon – comme le fera Heinrich Schliemann au XIX e siècle. » Site d’Hissarlik en Turquie. Fortification et rampe d’accès de la mythique cité de Troie. © akg-images / De Agostini Picture Lib. / G. Dagli Orti HOMÈRE, UNE ÉPOPÉE AU LOUVRE-LENS

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