Extrait Archéologia

6 L’ARCHÉOLOGIE PRÉVENTIVE ET LA CONNAISSANCE DES TERRITOIRES Du présent au passé : grâce à l’aménagement, l’archéologie Chaque année, 700 km² sont concer- nés par des travaux d’aménagement du territoire – carrières, routes, voies ferrées, bâtiments, gazoducs – pouvant entraîner la disparition des vestiges du passé que recèle le sous-sol. C’est pour recueillir ces données pa- trimoniales avant leur destruction que, dans les années 1970, l’archéologie préventive s’est progressivement im- posée en amont des travaux d’amé- nagement. En 1992, la France signait la conven- tion de Malte, qui affirme le rôle de l’archéologie préventive au plan eu- ropéen. Dans son prolongement, la loi n° 2001-44 du 17 janvier 2001 instaurait le cadre juridique de l’in- tervention des archéologues en pré- alable aux chantiers d’aménagement. L’Inrap, Institut national de recherches archéologiques préventives, a été créé en 2002 en application de cette loi. La création de l’Inrap témoigne de la volonté de l’État de répondre à une double exigence d’aménagement du territoire et de préservation par l’étude du patrimoine archéologique. L’Inrap assure la détection et l’étude du patrimoine archéologique touché par les travaux d’aménagement du territoire. Il exploite les résultats scien- tifiques des fouilles archéologiques et les diffuse auprès des chercheurs, comme des citoyens. Il concourt à l’enseignement, à la diffusion culturelle et à la valorisation de l’archéologie auprès de tous. Une des particularités de l’archéo- logie préventive est de s’intéresser à des espaces très variés. La nature même de ses missions – accompagner l’aménagement du territoire – l’amène à considérer non plus seulement le site archéologique, mais le territoire national comme un magnifique livre d’histoire. En effet, certains aména- gements, comme la construction d’un gazoduc, ce qui nous intéresse par- ticulièrement ici, permettent d’abor- der l’espace tel qu’il était habité, les réseaux de circulation entre villages, l’environnement, les espaces naturels et leur modification par l’homme au cours du temps. Par ailleurs, le tracé d’un gazoduc a une particularité fasci- nante pour les archéologues : le tracé s’efforce de passer par des terrains non aménagés, loin des habitats et des zones les plus exploitées. Or, les sociétés ont eu une forte tendance à s’implanter sur les traces des précé- dentes : le village d’aujourd’hui est bien souvent implanté sur les vestiges du village médiéval – dont une partie du patrimoine bâti est encore souvent visible –, lui-même implanté sur les traces du village gaulois – certains réseaux viaires actuels sont les mêmes depuis les Gaulois. Ainsi, le gazoduc nous invite à ex- plorer des secteurs qui sont souvent depuis fort longtemps éloignés des zones d’habitat, nous permettant de comprendre, au-delà de la vie quo- tidienne des populations, la struc- turation d’ensemble du paysage et comment l’homme a modelé son en- vironnement. Par cet effet de zoom arrière, c’est l’étude de la structuration de l’espace et l’organisation globale de la vie des sociétés du passé qui nous sont rendues possibles et que nous pouvons ainsi partager. Dominique Garcia, président de l’Inrap Mise en fouille des tubes en acier. Photo © Com’air, GRTgaz

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