Extrait Archéologia

7 LES GRANDS TRAVAUX ET LEURS APPORTS Les opérations archéologiques sur le tracé du gazoduc Val de Saône font suite à plusieurs projets de grands tra- vaux qui ont traversé la Bourgogne ces vingt dernières années. Tout d’abord l’autoroute A39, dont la construction remonte aux années 1990 et qui tra- verse la région dans le sens nord-sud entre Dijon (21) et Bourg-en-Bresse (71). Ensuite, la ligne ferroviaire à grande vitesse est-ouest Mulhouse- Dijon phase 1 et phase 2, entre 2006 et 2013. Enfin, donc, le gazoduc Val de Saône, qui constitue le troisième projet structurant majeur dans notre région. Ces aménagements d’am- pleur représentent un apport consi- dérable à la connaissance archéolo- gique, de même qu’ils ont favorisé la mise en place de nouvelles techniques et méthodologies. Ainsi plusieurs milliers d’hectares ont- ils fait l’objet de sondages archéo- logiques pour la détection de sites archéologiques. En complément à la méthode classique de tranchées de reconnaissance, de nouvelles techno- logies, comme le Lidar et l’utilisation de drones, ont pu être testées et ont montré leur efficacité. Ces sondages ont également ap- porté de nouvelles connaissances sur la géomorphologie, notamment les phénomènes d’érosion, et ils ont contribué aux études paléoenvironne- mentales des zones de plaine (Tille, Seille, Saône…) et des secteurs de vallon, particulièrement propices à ces types d’approche. Une petite centaine de fouilles a été réalisée à l’issue des campagnes de sondage. En raison de la nature des travaux, certains sites ont pu être mis en évidence sur plusieurs hectares grâce à des décapages extensifs, favorisant la compréhension des or- ganisations spatiales, approche que seuls les grands travaux permettent de réaliser. Que peut-on retenir comme apports scientifiques majeurs ? Tout d’abord la mise en évidence de sites mésolithiques de plein air (chas- seurs-cueilleurs) comme à Ruffey- sur-Seille (39) et Choisey (39), alors qu’ils étaient jusqu’alors seulement connus dans les grottes. On doit aussi évoquer le grand nombre de sites protohistoriques qui témoignent d’une occupation conséquente dès l’âge du Bronze, ainsi que la découverte de plusieurs vastes sites d’habitat du haut Moyen Âge à Genlis (21) et Choisey (39), période presque exclusivement connue dans la ré- gion par des nécropoles. Signalons encore les nouvelles connaissances acquises sur l’organisation du terroir à l’époque romaine avec la fouille d’une dizaine d’établissements du type habitats intercalaires, installés à des distances régulières et obéissant tous à un plan quasi identique. Enfin, n’oublions pas les avancées réalisées dans la connaissance de l’évolution des paysages, comme la plaine de la Saône-Tille, qui, contrairement à aujourd’hui, connut une occupation dense et conséquente de la Protohis- toire jusqu’au haut Moyen Âge, avant de se transformer en zone maréca- geuse et inondable. Il ne s’agit ici que d’une infime par- tie de ce que les grands travaux ont pu apporter à notre connaissance. Les sites présentés dans ce numéro hors-série en sont une illustration. Hans de Klijn, ex-directeur régional Inrap Bourgogne-Franche-Comté Chantier de fouille de la villa gallo-romaine d’Aprey, non loin des sources de la Vingeanne. Photo © Com’air, GRTgaz

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