Extrait Archéologia

ARCHÉOLOGIA N° 606 / 23 L’homme et l’animal : une relation ambivalente Le voyage dans le temps commence à la Préhistoire. L’être humain représente alors l’animal dans des lieux précis et symbo- liques : ce sont les œuvres peintes ou gra- vées que nous admirons encore aujourd’hui au fond des grottes. Plus tard, dans les régions du Croissant fertile, d’Anatolie, dans certaines régions d’Europe centrale et du nord-ouest, en Grèce ou en Italie, c’est le motif de la maîtresse, parfois du maître, des animaux qui apparaît, laissant entrevoir une conception de l’humanité où l’homme prend désormais le pas et dompte l’animal, qu’il soit fantastique ou réel. Fournisseurs de viande, de lait et de laine, bêtes de somme ou moyens de transport, les animaux sont un élément indispensable au mode de vie agri- cole, mais toujours subordonné à l’homme. Certains, comme ces lions, ces panthères, ces taureaux, ces oiseaux, sont aussi admirés pour leurs capacités à pouvoir voler, courir à très grande vitesse, avoir une force et des capacités supérieures à celles de l’homme. Le sacrifice d’animaux tel qu’il est orga- nisé notamment dans la Grèce antique est révélateur de cette ambivalence : un animal tué par les hommes est considéré comme la plus importante des offrandes faites aux dieux afin qu’ils se montrent cléments et bienfaiteurs envers les simples mortels. La création des hybrides C’est justement dans ces régions hel- lènes que l’on voit une multiplication des créatures hybrides au milieu du I er millé- naire avant notre ère. Nés des contacts entre la Grèce et les régions de l’est de la Méditerranée, voire au-delà, ces animaux hybrides peuplent les décors architectu- raux et les céramiques, côtoyant dès lors les animaux réels. Plus tôt encore, comme le souligne l’expo- sition, dès les premières dynasties égyp- tiennes, au IV e millénaire avant notre ère, les Égyptiens dépeignent les animaux domes- tiqués de la vallée du Nil ou des déserts environnants en insistant sur leur force et leur abondance – ainsi de la multitude des hippopotames, dont la chair généreuse était appréciée. Mais quand Pharaon doit défendre son territoire, il endosse les qua- lités des animaux, tel le taureau puissant, le lion invincible ou le faucon maître du ciel,

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