Extrait Archéologia

20 / ARCHÉOLOGIA N° 595 ACTUALITÉ I DES FOUILLES Parfois, les archéologues ont de la chance. Comme ceux qui ont décou- vert plusieurs empreintes fossiles au bord de l’ancien lac Alathar, la trace en arabe, dans l’ouest de l’actuel désert du Nefud, en Arabie saoudite. Il s’agit de 376 empreintes fossiles exactement, dont sept appartiennent à des pieds humains ! C’est pour le moins une découverte exceptionnelle ! Or, une étude expérimentale menée sur des empreintes faites dans des plaques de boue a démontré que les détails les plus fins disparaissent au bout de deux jours et que l’ensemble devient illisible auraient commencé à sortir du conti- nent africain. Ils ont emprunté plu- sieurs voies : le Levant, le détroit émergé de Bab el Mandeb, entre Djibouti et le Yémen, puis le nord de la péninsule arabique, suivant une bande steppique reliant un Sahara alors vert au sous-continent indien puis à la Chine du Sud, atteinte semble-t-il il y a 80 000 ans. C’est sans doute l’ap- provisionnement en eau potable qui les a faits s’arrêter au bord de ce lac. Un simple arrêt, quelques minutes peut- être, figées depuis pour l’éternité. Jacques Daniel au bout d’une semaine. Il a donc fallu que ces traces préhistoriques soient recouvertes très rapidement, trahis- sant dès lors la présence d’humains. Pourtant ces chasseurs-cueilleurs n’ont laissé aucun autre indice : ni outils, ni traces de boucheries – que l’on aurait pu relever sur les deux cent trente-trois restes animaux découverts à proximité, éléphants, chameaux et oryx pour l’essentiel. La datation du site donne toutefois à penser qu’il s’agissait d’ Homo sapiens . C’est en effet durant cette période que les premiers Hommes anatomiquement modernes ARABIE SAOUDITE De l’eau et des pas Homo sapiens est sorti d’Afrique pendant le dernier interglaciaire, voici 130 000 ans. Il a emprunté plusieurs chemins pour aller en Asie puis en Europe. L’un d’entre eux l’a conduit au bord d’un lac de la péninsule arabique, il y a 120 000 ans. POUR ALLER PLUS LOIN STEWART M. et al. , 2020, « Human footprints provide snapshot of last interglacial ecology in the Arabian interior », Science Advances , vol. 6, n o  38, eaba8940. DOI : 10.1126/sciadv.aba8940 © Éric Le Brun

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