Extrait Archéologia

ARCHÉOLOGIA N° 595 / 5 en contexte funéraire antique, le chien étant probablement consi- déré comme un animal psychopompe (porteur d’âme). Le collier et la clo- chette qu’il porte ici sont cependant inédits. Le jouet et le petit coquillage recueillant une dent de lait appa- raissent également comme des dépôts très singuliers, même si les tombes gallo-romaines livrent parfois des objets personnels. cuivreux sans doute fixée à une étoffe. Contre le cercueil, un cercle de fer d’une trentaine de centimètres de diamètre était accompagné d’une tige coudée. Il pourrait s’agir d’un jouet, tels un cerceau et la baguette permettant de le faire rouler au sol. L’extrémité de la tige a été glissée entre les pattes d’un chiot déposé aux pieds du défunt, hors du cercueil. L’animal portait un collier orné d’une quinzaine d’appliques en bronze et muni d’une clochette. Dans la tombe se trouvait également un dépôt aussi petit qu’émouvant, placé sur un fragment de coquillage : une dent de lait perdue par un enfant plus âgé, peut-être le frère ou la sœur du jeune défunt. Des pratiques communes mais des dépôts exceptionnels La mort d’un enfant n’avait rien d’anormal dans les populations du passé, où la majorité des décès se produisait dans la première année et où près de la moitié des enfants n’atteignait pas l’âge adulte. Les tout-petits bénéficiaient rarement des mêmes pratiques funéraires que leurs aînés qui, à cette époque, faisaient généralement l’objet d’une créma- tion. Les sépultures de jeunes enfants gallo-romains étaient souvent situées De nombreux vases et un dépôt de viande important accompagnaient le jeune défunt dans sa tombe. © Denis Gliksman, Inrap Squelette du chiot avec son collier et sa clochette en alliage cuivreux. © Argan Connan, Inrap hors de l’espace funéraire communau- taire, parfois installées à proximité du foyer familial. Si les pratiques funéraires sont conformes à ce que l’on connaît en contexte antique, le mobilier de la tombe d’Aulnat est tout à fait excep- tionnel, tant par sa quantité que par sa qualité. Une telle profusion de vaisselle et d’éléments de bouche­ rie, de même que certains des effets qui ont suivi le petit dans sa tombe, soulignent le rang privilégié de sa famille. Quant à l’association du chiot avec le jeune enfant, elle est connue À titre de comparaison régionale, quelques rares tombes d’enfants ont fourni d’importantes quantités de mobilier, toutefois toujours inférieures à une dizaine de vases et à deux pièces de boucherie. Une sépulture proche datant des lendemains de la conquête romaine, soit quelques décennies avant la sépul- ture d’Aulnat, est néanmoins compa- rable par l’abondance de vaisselle et de viande, mais la présence d’armes per- met de l’attribuer à un guerrier gaulois. Ivy Thomson, archéo-anthropoloque à l’Inrap, et Laurence Lautier, responsable scientifique de la fouille à l’Inrap

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