Extrait Archéologia

28 / ARCHÉOLOGIA N° 595 Comment les défunts étaient-ils inhumés ? On pratique alors l’inhumation habil- lée, complétée par des objets de parure ou usuels. Ils sont souvent liés à l’activité du défunt ou à la manière dont il (ou sa famille) souhaite être représenté(e) face à la mort. Dans certaines tombes furent ainsi découverts plusieurs ensembles de bijoux ou d’armes amassés près de la dépouille. Je pense par exemple à l’incroyable panoplie d’armes des tombes masculines : dès que le défunt a un peu de moyen, il se dote de francisques (haches de jet), épées, couteaux, scramasaxes (cou- telas semi-long) ou boucliers. Il en va de même pour les parures féminines : colliers, bracelets, bagues, épingles à cheveux, boucles de chaussures sont démultipliés – même si, bien entendu, Observe-t-on déjà des marques de christianisation ? Oui, mais elles sont à prendre avec beaucoup de nuances, tant la chris- tianisation est un phénomène lent et complexe. Ce n’est pas parce que l’on trouve une coupe à chrisme dans une tombe que le défunt est nécessaire- ment chrétien. Les images relatives au à cette religion circulent et sont à la mode ; elles peuvent être adoptées par certaines personnes qui, par ailleurs, perpétueront d’autres pratiques plus ancestrales – comme l’utilisation des bâtonnets d’oracle. Le mobilier peut donc être le témoignage de la pénétra- tion dans les mentalités de cet environ- nement chrétien mais ce n’est pas un marqueur suffisant pour qualifier la foi ou la spiritualité du défunt en question. ■ ■ ■ Les marques de christianisation sont à prendre avec nuance tant ce phénomène est lent et complexe.  ■ ■ ■ Reliquaire portatif. Première moitié du VIII e siècle. Chêne, cuivre doré, argent. Dépôt de la fabrique Sainte- Begge, Andenne. © Musée diocésain Namur, L’Atelier de l’Imagier Mobilier d’une tombe masculine avec fauchard, scramasaxe, couteau et ensemble de ceinture damasquiné. Haillot « Matagne », tombe 41, vers 630-670. © SPW-AWaP, R. Gilles ils n’étaient pas tous portés en même temps du vivant de la personne ! Ajoutons enfin que la dotation funé- raire, persistance de la tradition du repas antique funéraire, comprenait des présents alimentaires déposés dans de la vaisselle (gobelets ou assiettes) et était considérée non pas comme une offrande mais plutôt comme un viatique.

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