Extrait Archéologia

ARCHÉOLOGIA N° 589 / 29 DOSSIER ARCHÉOLOGIE SOUS-MARINE La découverte de l’épave de Mahdia Ce n’est toutefois qu’au début du XX e siècle que le regard porté sur les vestiges ennoyés a changé, quand ces derniers, par la vertu du temps qui passe, se sont soudainement révélés d’irremplaçables témoignages de l’histoire de l’humanité. Si quelques découvertes spectaculaires, telle la statue en bronze de l’éphèbe surgi en septembre 1900 de la mer Égée, à Anticythère, ont joué à cet égard le rôle d’un révélateur, c’est la mise au jour en 1907, à Mahdia, en Tunisie, d’une cargaison d’objets en marbre et en bronze qui a vraiment joué le rôle de détonateur dans la prise en compte du patrimoine immergé. Étudié de 1907 à 1913 par l’archéo- logue français Alfred Merlin, ce gise- ment du I er siècle avant notre ère a en e!et, pour la première fois, démontré que la valeur culturelle d’une épave et de son contenu dépassait de loin sa seule vertu commerciale. Synthétisée en quelques mots par l’archéologue français Salomon Reinach, qui écri- vait en 1928 que « le musée d’an- tiques le plus riche du monde est encore inaccessible : c’est le fond de la Méditerranée orientale », cette évi- dence n’allait plus être contestée#! 1952 à 1957, de la fouille des épaves antiques dites du Grand Congloué, en rade de Marseille. Menée pour l’essentiel par des plongeurs dénués de compétences archéologiques, cette première mondiale fut un suc- cès autant qu’un échec. Si elle a en e!et conduit à mettre au point des outils que les archéologues aux pieds palmés utilisent encore quotidien- nement aujourd’hui, l’opération en revanche ne permit jamais de prendre conscience que le site recelait non pas une seule épave mais celles, presque exactement superposées, de deux navires perdus à près d’un siècle d’intervalle, aux II e et I er siècles avant notre ère. Devant l’émoi que l’anachronisme flagrant des décou- vertes ne cessait de susciter chez les scientifiques, il fut vite évident que les archéologues ne pouvaient plus déléguer aux seuls spécialistes de la plongée l’avenir de la discipline. Il leur fallait eux-mêmes se mettre à l’eau#! L’invention du scaphandre autonome Encore restait-il au progrès tech- nique à favoriser l’avènement de l’ar- chéologie sous-marine. C’est l’invention du scaphandre auto- nome par le commandant Jacques- Yves Cousteau et l’ingénieur Émile Gagnan qui allait faciliter ce surgis- sement en permettant la program- mation, par le même Cousteau, de Fouilles sur le site du Grand Congloué dans les années 1950. © Drassm L’ André Malraux dans le port de Marseille. © Stéphane Cavillon!/!Drassm

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