Extrait Archéologia

ARCHÉOLOGIA N° 585 / 7 « Le sang qui coule dans les veines des Italiens est plus étrusque que romain », déclare Giuseppe Sassatelli, professeur d’étruscologie à l’université de Bologne et commissaire, avec sa collègue Elisabetta Govi, de l’exposition qui se tient au musée archéologique de la capi- tale émilienne. En eĵet, le peuple Rasna, comme les Étrusques se désignaient eux-mêmes, occupait un vaste territoire allant des plaines du Pô aux pentes du Vésuve. Les quelque mille quatre cents objets exposés dans le musée montrent qu’il n’y avait pas une seule Étrurie, mais plusieurs territoires aux coutumes et modèles économiques divers. Mais ces oeuvres soulignent également l’unité bien réelle dont les Étrusques ont fait preuve à certains moments de leur his- toire, comme lorsque les délégués des douze villes fédérées se réunissaient dans le célèbre Fanum Voltumnae , le sanctuaire enfin identifié, après de lon- gues recherches, près d’Orvieto et où les fouilles se poursuivent. Peuple des cités et maîtres de la mer Rasna signifie « le peuple des cités »; les premières agglomérations urbaines apparaissent en eĵet dès le début de la culture villanovienne (la plus ancienne culture étrusque) entre les X e et IX e siècles avant notre ère; elles disposent déjà d’un territoire, mais surtout d’une autorité politique cen- trale, qui sera à la base de la cité future, capable de prendre des décisions communes. Leurs rites de fondation, l’ etrusco ritu , nous ont été transmis par des sources latines. À Marzabotto, l’ancienne Kainua, ont été mises au jour des preuves archéolo- giques qui confirment ces descriptions latines de rites de fondation des cités selon des règles célestes; la forme de la ville ne reproduit pas un dessin géo- métrique théorique mais est le reflet de la sphère céleste sur la terre – en témoignent non seulement l’orienta- tion astronomique et solaire, mais aussi la disposition des temples, conçue dès la planification urbaine. L’exposition de Bologne illustre à travers de nombreux objets votifs l’importance du culte de Vei, assi- milé à la grecque Cérès et la romaine Déméter, qui protégeait la fertilité de la terre et celle de l’être humain. Ce culte à connotation antiaristocratique, très politique, est né au tournant du VI e siècle avant notre ère, lorsque le demos , la classe moyenne, prend le pouvoir et met fin à l’ancien régime dominé par la noblesse. Appelés par Denys d’Halicarnasse thalassokràtores (les maîtres de la mer), les Étrusques faisaient commerce des métaux en Méditerranée, dans les ports de Gravisca et Pyrgi entre autres, où ils recevaient de précieuses marchan- dises grecques ; avec eux voyageaient les mythes et les grands artistes qui signaient leurs œuvres en grec. Si l’Étrurie du Latium, de l’Ombrie et de la Toscane est désormais bien connue, l’exposition consacre une grande attention au sud de la pénin- sule, présentant des objets funéraires princiers trouvés en Campanie et des vestiges provenant de Pompéi, puisque même la célèbre ville enterrée par les lapilli du Vésuve en 79 de notre ère a été fondée par les Étrusques. Daniela Fuganti, traduction de Carole Cavallera BOLOGNE Les Étrusques, voyage dans les terres des Rasna À Bologne, une magistrale exposition consacrée aux Étrusques présente les dernières avancées de terrain sur ce grand peuple pré-romain. Si les voyageurs du XIX e siècle ont contribué à façonner une image de l’Étrurie qui nous touche encore, le visiteur est aujourd’hui invité à un itinéraire à travers des territoires souvent moins connus et à une immersion dans cette culture qui a marqué une grande partie de la péninsule au I er millénaire avant notre ère. INFOS PRATIQUES Voyage dans les terres des Rasna , jusqu’au 24 mai 2020 au musée civique archéologique de Bologne, Via dell’Archiginnasio 2, 40124 Bologne. Tél. : +39 051 275 72 34 et www.comune.bologna.it/museoarcheologico Tête de divinité masculine provenant du temple de la rue San Leonardo, 430-420 avant notre ère. Orvieto, Museo archeologico nazionale polo Museale dell’Umbria.

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