Extrait Archéologia

ARCHÉOLOGIA N° 584 / 45 « Vénus » de Holhe Fels en ivoire de mammouth. Découverte en 2008 en Allemagne, c’est aujourd’hui la plus ancienne représentation féminine connue. Ses formes anatomiques sont extrêmement développées. Paléolithique supérieur, vers 35"000 ans. 5,97 × 3,46 cm. Moulage de l’œuvre originale. © Akg-images / Science Photo Library / Javier Trueba / msf Les figurations humaines se répartissent de manière à peu près égale, entre les parois des grottes (sept cents œuvres pariétales) et les objets d’art ou les outils décorés, en pierre, os, bois de renne, dent, ivoire de mammouth (huit cents œuvres mobilières). Toutes les techniques sont utilisées : la peinture et la sculpture, la gravure en ronde-bosse, en pas- sant par le bas et le haut-relief. Ces représentations humaines sont le plus souvent asexuées en Europe occidentale, féminines en Europe centrale et orien- tale, tandis que les figures masculines restent partout exceptionnelles. Il faut enfin signaler que, contrairement aux femmes, les hommes sont rarement représentés seuls, pour eux-mêmes!; ils sont souvent associés à des animaux, voire animalisés, ou rap- portés à un état ou une action. Enfin, alors que les figures animales sont très réalistes ou naturalistes dans l’art préhistorique, les représentations humaines ne ressemblent pas à des portraits fidèles d’êtres humains, mais plutôt à des traductions abstraites d’une certaine idée de l’humanité. Les plus anciennes représentations féminines Les premières représentations féminines sont contemporaines de l’essor de l’art paléolithique en Europe, il y a plus de 35!000 ans. Dans la grotte Chauvet, en Ardèche, dessinés en noir sur la face cachée d’un pen- dant, le sexe et les jambes d’une femme se confondent avec l’avant-train d’un bison. Figure unique, isolée et complexe... À mi-chemin entre l’art pariétal et l’art mobilier, des blocs de calcaire provenant de plusieurs abris-sous-roche de Dordogne (Blanchard, Castanet, La Ferrassie, etc.) montrent des vulves profondément gravées ou piquetées. Découverte en 1988, près de Stratzing, en Autriche, la « Danseuse » en serpentine verte de Galgenberg, vieille de plus de 30!000 ans, fut longtemps la plus ancienne statuette féminine connue. Si le sein, placé sur le côté, et le sexe, à peine marqué, signent sa fémi- nité, elle ne ressemble pas aux « Vénus » gra- vettiennes, qui lui succèdent 5!000 ans plus tard. Avec son bras levé, sa tête inclinée et sa jambe fléchie, sa silhouette svelte, légère et souple ne rappelle en rien les formes clas- siques des figurines préhistoriques. En revanche, la statuette féminine, façonnée dans de l’ivoire de mammouth, découverte en 2008 dans la grotte de Hohle Fels, dans le Jura souabe en Allemagne, a tout d’une « Vénus ». La tête est absente et les membres sont atrophiés, tandis que les caractères sexuels ou maternels sont amplifiés : la poitrine est exagérée!; les cuisses, le ventre et les fesses sont volumineux!; la vulve est profondément gravée. Datée elle aussi de la période aurigna- cienne, mais plus vieille encore (– 35!000 ans), elle est alors la plus ancienne statuette fémi- nine – humaine – connue à ce jour et elle sème le doute dans la chronologie... Q Q Q Alors que les figures animales sont très réalistes dans l’art préhistorique, les représentations humaines ne ressemblent pas à des portraits fidèles, mais plutôt à des traductions abstraites d’une certaine idée de l’humanité. Q Q Q

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