Extrait Archéologia

ARCHÉOLOGIA N° 574 / 27 DOSSIER / L’ESCLAVAGE Exposer rien, ou presque L’exposition a un côté bohême. Des toiles tendues et des caissons de métal renforcé à roulettes rappellent les boîtes de transport de matériel de cinéma ou des musiciens. Mais c’est une partition originale, sobre et mesurée, qui est ici jouée. Le muséographe a fait preuve d’originalité en choisissant des conditionnements de déménagement pour présenter son exposition comme si, à l’instar des naufragés de Tromelin, elle n’était que de passage. Il faut reconnaître qu’exposer l’esclavage est problématique puisque, par essence, ses victimes ne possédaient quasi- ment rien. Une fois montrés des fers et des pipes en terre, les muséologues choisissent souvent d’exhiber les possessions des maîtres. Une façon qui efface les esclaves de la scène pour mettre en avant les biens des tourmenteurs eux-mêmes. C’est donc un exploit d’avoir su dévoiler la misère de ces malheureux avec si peu d’objets et tant de richesse conceptuelle. Conçue en 2015, sur une scénographie du cabinet Pascal Payeur, par le Château des ducs de Bretagne, musée d’Histoire de Nantes, et l’Inrap, avec le Gran comme coproducteur scientifique, elle a déjà beaucoup voyagé, à Lorient, Bordeaux, Bayonne et sur l’île de Tahitou, prenant par- fois la forme de déclinaisons de panneaux dans les Antilles et la Guyane française. C’est en revanche sa première visite dans la capitale, qui clôt par là-même quatre ans de succès et de pérégrinations. Vue de l’exposition Tromelin, l’île des esclaves oubliés. La salle « archéologie » présente la maquette des fouilles (à droite), une partie du mobilier découvert et le traitement multimédia de l’exposition. Nantes, Château des ducs de Bretagne. © Bernard Renoux / LVAN Objet retrouvé sur l’île de Tromelin. © Jacques Kuyten

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