Extrait Archéologia

32 / ARCHÉOLOGIA N° 573 La naissance des premières écritures LE CUNÉIFORME C’est vers 3300 avant notre ère, à Sumer, dans le sud de l’Irak actuel que naît l’écriture cunéiforme. Elle va devenir l’une des carac- téristiques fondamentales de la civilisation mésopotamienne et connaître une large dif- fusion à travers tout le Proche-Orient ancien. Tablette cunéiforme notant la vente de terrains agricoles. Inventé au XVIII e siècle, le terme « cunéiforme » désigne des signes constitués de traits terminés en forme de « clous » (en latin cuneus ) d’où le nom de cette écriture. Elle a disparu dans les premiers siècles de notre ère. Mésopotamie, terre cuite, 2300-2100 avant notre ère. L’écriture cunéiforme permet de noter des lan- gues très différentes comme le hittite, l’élamite ou encore l’hourrite. Elle est utilisée pour les besoins de l’administration des premières cités-États, qui structurent le pays et dont l’économie repose sur la culture céréalière et l’élevage ; elle permet de rédiger des bons de livraisons et des contrats, de lister des marchandises ou de noter les salaires. Cependant, dès son origine elle sert également d’outil pour étudier et comprendre le monde. On l’utilise pour établir et diffuser les premiers codes de lois, pour noter les récits mythologiques ou encore pour rédiger des poèmes. Si les premiers signes de cette écriture représentent des objets concrets et des symboles de la civilisation sumérienne, ces signes primitifs sont ensuite com- binés ou imbriqués pour créer de nouveaux signes et de nouvelles significations. Ce système inventé est donc mixte, c’est-à-dire qu’une grande part des signes désigne des mots, alors que certains ont une valeur phonétique et désignent des syllabes. LES HIÉROGLYPHES ÉGYPTIENS L’apparition de l’écriture en Égypte est presque contemporaine de celle des Sumériens. Comme en Mésopotamie, elle se développe dans une civilisation prospère où le pouvoir politique et religieux est très fort. Elle répond également à des besoins admi- nistratifs précis pour la gestion des cultures fertilisées par les crues du Nil. Le système utilisé est basé sur des éléments idé- ographiques très figuratifs qui renvoient à des images immédiatement identifiables, mais égale- ment à des éléments phonétiques. L’écriture hié- roglyphique ne subira que peu de modifications durant les 3 500 ans de son utilisation, en dehors de l’augmentation du nombre de signes (de 700 à plusieurs milliers). Une caractéristique importante de cette écriture est que les inscriptions peuvent être notées selon plusieurs sens de lecture en ligne ou en colonne, de droite à gauche ou inverse- ment. Dans la pratique, l’écriture hiéroglyphique se montre assez peu commode pour un usage quo- tidien, aussi vont se développer successivement deux écritures cursives héritées d’une simplifica- tion des hiéroglyphes : le hiératique et le démo- tique. Le hiératique apparaît dès l’Ancien Empire et sert pour les documents profanes mais également pour l’archivage de textes religieux. Le démotique, quant à lui, apparaît vers 700 avant notre ère. Il est dérivé du hiératique et devient l’écriture la plus courante du pays. Ces deux écritures s’écrivent uniquement de droite à gauche. Décret de Ptolémée III Évergète en hiéroglyphes. Détail. Égypte, schiste, 246-221 avant notre ère.

RkJQdWJsaXNoZXIy MTEzNjkz