Extrait Archéologia

ARCHÉOLOGIA N° 570 / 35 pas d’un besoin mais d’une adapta- tion à une pratique qui lui est bien antérieure : la gladiature. Le pre- mier munus romain est attesté en 264 avant notre ère et il eut lieu sur le Forum Boarium. Les munera ne nécessitaient aucune structure spé- cifique, mais simplement une vaste aire où pouvaient se déployer les combats. Le forum romain fut la place la plus prisée jusqu’à la fin de la République. Avec l’avènement de l’Empire, l’amphithéâtre, lieu désor- mais destiné à accueillir les spec- tacles, constituera en réalité un outil de propagande et de maintien du bon ordre rétabli par Auguste, véri- table mainmise du pouvoir impérial sur le peuple : le célèbre panem et circenses de Juvénal. séparée de la cavea par un bal- teus • au-dessus duquel des filets pouvaient être tendus, la piste de forme ovale ou elliptique était cou- verte de sable. Sa forme s’avérait être avantageuse. L’absence d’angle favorisait les déplacements des combattants et depuis les gradins, chaque emplacement devait offrir une vue d’ensemble. Les specta- teurs venaient assister aux munera , ces fameux combats de gladiateurs aux différentes armaturae (les pro- vocatoris , les secutoris , les retiarii , etc.). Les venationes constituaient des chasses de bêtes sauvages et les naumachiae des spectacles de bataille navale. L’adoption et l’aboutissement du schéma architectural résultaient non Par son étymologie, l’ amphithea- trum se définit comme un « double théâtre » ou bien un « théâtre construit des deux côtés » selon les termes d’Ovide. Il se compose de deux théâtres qui se font face et dont les caveae qui accueillent les gradins forment un monument de forme elliptique et non circulaire comme le schéma architectural de celles-ci l’impli- querait. Le traditionnel bâtiment de scène du theatrum disparaît alors pour laisser place à l’ arena . L’$ amphi- theatrum flavium , plus connu sous le nom de Colisée, est le plus célèbre. Il n’est pas pour autant le premier édifice en dur à avoir été érigé dans l’ Urbs . L’amphithéâtre de T. Statilius Taurus édifié en 29 avant notre ère sur le Champs de Mars lui est anté- rieur de près d’un siècle. Détruit par les flammes en 64 et rem- placé par un amphithéâtre en bois sous Néron, il est reconstruit en dur sous la dynastie des Flaviens. Véritable prouesse architecturale, l’ amphitheatrum flavium , bâti sur « structure creuse », constituera un modèle canonique diffusé dans tout l’Empire romain. L’organisation architecturale de l’amphithéâtre reprend, pour la cavea , la même structure que celle du théâtre. Au cœur de l’édifice, L’ amphitheatrum flavium dit le Colisée. Les substructions de la cavea et les souterrains de la piste. État actuel. © C. Lefebvre Le balteus est un parapet qui marque la limite entre deux espaces distincts. Il permet d’isoler les différentes classes de spectateurs ou encore de protéger ces derniers de l’arène (chasses d’animaux et combats de gladiateurs). L’AMPHITHÉÂTRE, le « double théâtre » des grands spectacles DU BOIS À LA PIERRE Les premiers amphithéâtres étaient édifiés temporairement en bois. Pline l’An- cien rapporte qu’en 52 avant notre ère, C. Scribonius Curio aurait fait construire à Rome deux théâtres de bois « accolés par le sommet de leur courbe et montés sur pivot » de manière à ce qu’une fois pivotés, les deux hémicycles ne forment plus qu’un ovale, soit un « amphithéâtre ». Autre monument également érigé en bois en 46 avant notre ère, le « théâtre cynégétique » de César qui, selon Dion Cassius, « méritait le nom d’amphithéâtre parce qu’il comportait des sièges sur tout son pourtour et ne possédait pas de scène ». En dehors de l’ Urbs , les plus anciens amphithéâtres construits en dur sont attestés dès la fin du II e siècle avant notre ère. Ils appartiennent au type dit « à structure pleine », la cavea étant creusée partiellement ou intégralement dans le sol ou le flanc d’une col- line, ou bien établie sur des remblais artificiels. L’exemplaire de Pompéi, édifié à la fin du premier quart du I er siècle avant notre ère, est l’une des versions les plus élaborées du type. En Gaule, un certain nombre d’amphithéâtres, qui sont datés de la période julio-claudienne, se rapportent également à cette catégorie (Saintes, Lyon). Quant à ceux de Nîmes et d’Arles, plus tardifs puisqu’érigés entre la fin du I er et le début du II e siècle, ils appartiennent au type dit « à struc- ture creuse », dignes descendants de l’amphithéâtre flavien.

RkJQdWJsaXNoZXIy MTEzNjkz