Extrait Archéologia

34 / ARCHÉOLOGIA N° 570 DOSSIER / NÎMES Il fixera les normes canoniques du schéma architectural pour les théâtres romains qui lui succèderont à Rome (théâtres de Marcellus et de Balbus) comme dans les provinces. Le théâtre romain est constitué d’une cavea divisée verticalement par des escaliers qui la traversent de bas en haut et qui dessinent des cunei , c’est-à-dire des sections de gradins dites « en coin ». Elle est égale- ment scindée à l’horizontal par des praecinctiones , qui constituent des espaces destinés à la circulation des spectateurs et qui s’intercalent entre les maeniana • . L’accès à la cavea est rendu possible grâce aux deux aditus • situés au pied de celle-ci et aux vomitoria • qui mènent le public aux différents niveaux de gradins. Au bas de la cavea prend place l’ or- chestra , qui accueille les sièges des plus hauts personnages (représen- tants de l’autorité politique, prêtres, magistrats, etc.), l’équivalent de la « proédrie » grecque. Au sein de cet ensemble, les spectateurs s’ins- tallent en fonction de leur statut social, véritable mise en scène de la concordia et de la hiérarchisation de la société romaine. Au plus près de la scaena se trouvent l’empereur, les membres de la famille impériale et les sénateurs. Les maeniana supé- rieurs regroupent respectivement de bas en haut les chevaliers, les citoyens et enfin les non citoyens, les enfants entre les femmes et les esclaves. De l’autre côté s’élève le bâtiment de scène orné d’une riche frons scaenae (le front de scène qui fait souvent l’objet d’une très riche ornementation) devant laquelle les spectacles prenaient vie. De prime abord, les théâtres grecs et romains présentent de nombreuses similitudes mais dans le détail leur schéma diffère. L’architecte et théo- ricien Vitruve en a parfaitement éta- bli les différences de conception, d’organisation et de fonctionnement. Le monument grec est avant tout un espace ouvert sur l’extérieur, le theatron n’étant pas organiquement lié à la skénè , ce qui est le cas pour la cavea et la scaena du monument romain qui forme un ensemble clos, entièrement refermé sur lui-même. Initialement en bois, les théâtres sont montés pour la durée des représen- tations puis démontés une fois les festivités terminées. En Grèce, les édifices en pierre se multiplient à partir de la seconde moitié du IV e siècle avant notre ère. Dans le même temps, plusieurs théâtres perma- nents sont construits en Occident, essentiellement en Italie méridio- nale et en Sicile. À Rome, il faudra attendre 55 avant notre ère pour voir s’élever le premier édifice en dur : le theatrum marmoreum de Pompée. Le théâtre se structure autour de deux principales composantes archi- tecturales : la conque des gradins, appelée le theatron en grec ou la cavea en latin, et le bâtiment de scène, soit la skénè ou la scaena . La première reçoit les spectateurs alors que la seconde est réservée aux artistes. Un troisième espace prend place au centre du monument : l’ or- chestra . D’une langue à l’autre, le terme ne change pas mais c’est la fonction qui se distingue. Dans le théâtre grec, il s’agit du principal lieu où évoluent les artistes en contrebas de la scène!; dans le théâtre romain, l’ orchestra fige la limite entre spec- tateurs et acteurs. À l’origine, le théâtre accueille des épreuves musicales de concours organisés lors de fêtes religieuses telles que les Dionysies et les Panathénées, célébrées en l’honneur du dieu Dionysos et de la déesse Athéna. Dans le monde romain, des représentations adaptées de la tradi- tion grecque sont rapidement intro- duites (tragédie, comédie, drame satyrique), puis les ludi scaenici acquièrent une grande renommée. Les maeniana sont les divisions horizontales de la cavea . Ils regroupent plusieurs rangs de gradins et sont limités en partie inférieure et supérieure par des praecinctiones . L’ aditus est un couloir conduisant, à partir des vestibules d’entrée, vers l’ orchestra et les pre- miers gradins de la cavea . Le vomitorium est une ouverture permettant l’accès aux gradins d’une cavea sur structure creuse. LE THÉÂTRE, représentatif de la culture grecque Théatre antique d’Arles. © F. Buffetrille / Leemage

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