Extrait Archéologia n°569

ARCHÉOLOGIA N° 569 / 5 frère de nombreux objets d’art indi- gène brésilien, actuellement conservés au musée archéologique national de Naples. Selon la correspondance entre le frère et la sœur, il s’agissait d’un échange entre deux pays, qui avaient désormais un « lien de parenté », pour que chacun d’eux puisse présenter sa culture et son peuple. En 1856, arri- vèrent au Brésil des caisses contenant dix panneaux de fresques romaines, soixante vases peints de Grande Grèce, plus d’une centaine de terres vie quotidienne de son pays d’origine, mais d’autres pensent que son frère n’en- tendait pas lui envoyer des pièces de grande valeur, comme les marbres d’Her- culanum ou des villas luxueuses de Stabies ou de Pompéi… Cultivé, l’empe- reur D. Pedro accompa- gna d’ailleurs son épouse à Pompéi et à Naples en 1871 (il existe une photo- graphie les montrant au milieu des fouilles à Pompéi). Le grand intérêt de l’impératrice pour l’archéologie décida D. Pedro à entreprendre des fouilles à Véies, cité étrusque puis romaine située au nord de Rome. Y ont été mises au jour des œuvres de grand prix, comme la sculpture en marbre d’Antinoüs, le favori de l’empereur Hadrien, cette statuette en marbre de koré avec peplos , au dos nu, de style archaï- sant ou encore ce calice en bucchero étrusque archaïque, posé sur quatre supports en forme de caryatides, de style orientalisant. Enfin, le musée de Rio conservait une collection inestimable de céra- miques corinthiennes, comme cette oenochoé à la panse peinte de motifs floraux et d’animaux, des céramiques grecques archaïques, à fond noir et à fond rouge, des sta- tuettes en marbre, des figurines en terre cuite, des ex-voto datés du V e au III e siècle avant notre ère, y compris de très belles Tanagra. Il est pro- bable que cette immense collection ait péri comme tout le reste, et l’absence d’inventaires complets ajoute à cette catastrophe patrimoniale une dimen- sion encore plus désolante. Par Maricí Martins Magalhães, professeur d’archéologie, d’épigraphie et de numismatique à l’Université de Rio de Janeiro et collaboratrice au Correale Museum de Sorrento, rattachée à la Surintendance archéologique de Pompéi et au National historical Muséum (traduction par Alix Barbet) DES FRESQUES DE POMPÉI À RIO Détachées avec beaucoup d’habileté pour qu’elles puissent rejoindre la col- lection de l’impératrice, ces fresques présentaient des figures fantastiques de griffons, des dauphins, des tiges légères portant des paons, propres au IV e style pompéien (milieu du I er siècle de notre ère). Ce panneau présente des rameaux avec des oiseaux perchés en-dessous d’un arc d’où est accroché un ciste bachique. Le panier suspendu serait une allusion au culte de Bacchus#; or pendant longtemps cette fresque était dite pro- venir d’un temple d’Isis… Il ne sera désor- mais plus possible d’en faire l’examen, l’œuvre ayant intégralement brûlé#! © Museu Nacional-UFRJ, 2018 Statuette de koré avec peplos mise au jour dans le tombeau de Véies en 1853. La figure en pied, à tunique drapée, lève délicatement sa robe longue. Le corps est en marbre blanc tandis que les pieds sont en marbre rose, comme la tête, disparue. © Museu Nacional-UFRJ, 2018 À GAUCHE. Calice en bucchero étrusque archaïque de Véies. 620-560 avant notre ère. © Museu Nacional-UFRJ, 2018 cuites (lampes, céramique commune, amphores), trente verres romains de toutes couleurs et de toutes formes, des amulettes phalliques en ivoire et en os, des bulles et une soixantaine de bronzes (vases, cuillères, puisoirs, passoires, miroirs à main décorés, anneaux, bracelets, pincettes et stri- giles pour la palestre, ou encore mors de chevaux). En outre, parmi les objets étrusques, se trouvaient une grande quantité de céramiques en bucchero très lourds et des vases et amphores en bronze de grande envergure (pour un total de 750 pièces). Selon certains chroniqueurs de l’épo- que, il semblerait que l’impératrice ait surtout voulu montrer des objets de la

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