Extrait Art de l'Enluminure

KHOSROW ET CHIRINE (f os 30 v°-107 r°) Khosrow et Chirine met en scène les amours du dernier grand prince puis souverain de la dynastie sassanide : Khosrow II Parvîz : Chosroès II Le Victorieux (590-628), avec une princesse chrétienne : la nièce de la reine d’Arménie qui porte le nom de Chirine. Les recherches récentes ont permis d’affirmer que si Chirine n’est probablement pas une princesse arménienne, elle est sans doute aussi un personnage historique : une femme chrétienne mentionnée par plusieurs historiens byzantins, arméniens et syriaques du VI e et du VII e siècles. Il semble que Khosrow II l’ait prise comme concubine avant de se résoudre à en faire une épouse légitime malgré le dogme zoroastrien qui interdit aux souverains sassanides de s’unir avec des femmes d’autres confessions. Les amours de Khosrow et Chirine sont relatées par plusieurs poètes persans avant Nezâmî, en particulier Ferdowsî. Dans la version de Nezâmî, le peintre Shâpûr décrit à son jeune ami Khosrow la beauté incomparable d’une princesse arménienne. Cet éloge fait chavirer le cœur du prince. Shâpûr est alors envoyé à la recherche de la belle à qui il montre, à trois reprises, un portrait peint de son maître. Chirine en est si troublée qu’elle quitte son royaume pour aller rejoindre Khosrow dans sa capitale, appelée Madâ ʾ en, mais à son arrivée, celui- ci était parti dans le sens inverse. Khosrow envoie alors à nouveau Shâpûr chercher Chirine, cette fois en Arménie, mais entre-temps, il apprend la mort de son père et doit lui-même retourner en Iran. Il montre sur le trône, mais uniquement pour un bref instant. La rébellion de Bahrâm Tshûbîn l’oblige en effet à chercher refuge en Arménie où il rencontre enfin sa bien-aimée, sur un terrain de chasse. Les deux amoureux passent ensemble des jours heureux, mais Chirine refuse de céder aux avances de Khosrow tant qu’il n’aura pas reconquis son royaume. Il y parvient avec l’aide de l’empereur byzantin et épouse sa fille, Maryam. Chirine devient à son tour reine d’Arménie. Un brillant ingénieur, Farhâd, transperce les montagnes par amour pour elle, ce qui provoque la jalousie de Khosrow, qui lui fait croire qu’elle est morte. Farhâd, désespéré, se jette du haut de la montagne et Maryam meurt peu de temps après, mais au lieu de reconquérir la chaste Chirine, le frivole Khosrow se laisse tenter par une courtisane d’Ispahan qu’il épouse. Cette aventure ultime ne suffit pas à ébranler l’amour infaillible des deux héros qui finissent par se marier, mais leur bonheur est éphémère. Le fils de Khosrow et Maryam tombe en effet amoureux de Chirine et en tue son père. Chirine décide alors de se donner la mort pour rejoindre son bien-aimé pour l’éternité. (5) deux détails agrandis.