Extrait Archéologia

ARCHÉOLOGIA N° 573 / 5 La coptologie – surtout l’art et les tex- tiles – connaît, depuis une trentaine d’années, un regain d’intérêt qui s’est concrétisé par la tenue d’expositions de premier plan. Citons, par exemple, « Égypte, la trame de l’Histoire. Textiles pharaoniques, coptes et isla- miques », présentée notamment à Rouen (déjà !) en 2002-2003, ou encore celle consacrée à Antinoé au musée des Tissus et des Arts décora- tifs de Lyon (2013-2014). Ces événe- ments majeurs ont fait redécouvrir une période – depuis la fin du II e siècle jusqu’à l’invasion arabe au VII e siècle, voire jusqu’à l’adoption généralisée au XII e siècle de la langue de ces nouveaux arrivants – et une civilisation long- temps confinées dans l’ombre de l’en- combrante époque des pharaons. L’art textile abordé sous toutes les coutures « Belles d’Égypte », certes à une échelle plus modeste, s’y emploie aussi. L’exposition normande s’ouvre par une introduction technique consacrée aux principales fibres naturelles alors uti- lisées (lin ordinaire et laine de mou- ton), aux diverses opérations pour les acquérir et les traiter avant les étapes du filage et du tressage, au recours à des teintures végétales, aux colorants identifiés (le rouge issu de la garance, le jaune extrait de la gaude et le bleu produit de l’indigo), etc. Plusieurs outils de tisserand prêtés par le Louvre Tunique d’enfant. Lin, laine, VI e -VII e siècle. Égypte, Akhmîm, 1889 ?, Don, Madame Le Breton, février 1922. RMM / Musée des Antiquités – Rouen. Inv. 2841 A.8. (D) [inv. 2002.0.55]. © Yohann Deslandes / RMM / Métropole Rouen Normandie y sont réunis au sein d’une vitrine où l’on peut voir un peigne, des forces à tondre, des manches de quenouille, des fuseaux, des fusaïoles, des aiguilles, des pelotes de laine teintée… Dans la suite du parcours, s’entremêlent le récit détaillé sur l’origine et l’historique des collections coptes du musée ainsi que leur présentation, la ques- tion de l’usage des textiles dans l’Antiquité tardive, l’évocation du répertoire décoratif, le point sur les travaux de recherche et de restauration ou sur les modes de valorisation établis à partir des dernières avancées scientifiques. Une conservation qui ne tient qu’à un fil… Si le climat favorable et les pra- tiques funéraires – le défunt est inhumé avec ses vêtements, un linceul et un ou deux coussins – de l’Égypte copte nous ont livré le plus grand nombre de textiles antiques, ces pièces colorées n’en demeurent pas moins très fragiles et souvent fragmentaires. La faute aux aĵres du temps et de la lumière, mais aussi aux mœurs en matière de restaura- tion et de conservation à l’époque de leur mise au jour – absence de rigueur scientifique, découpage et dispersion volontaire pour n’en conserver que les parties décorées dont certaines furent collées sur carton, d’autres plaquées sous verre voire punaisées ! Depuis, les normes sont plus strictes : un éclai- rage maximum de 50 lux est toléré en période d’exposition, elle-même limitée à 3-4 mois. Une rotation s’im- posera ainsi dès fin février avec un renouvellement de 70 % du contenu de l’exposition. Yohann Thibaudault ROUEN L’étoffe des tisserands coptes Placée sous le thème de la mode et du textile, la 7 e édition du Temps des collections, organisée par la Réunion des musées métropolitains Rouen Normandie, permet au musée des Antiquités de mettre en lumière – tout en l’en préservant ! – son riche fonds de tissus coptes. L’occasion rare pour le public d’admirer les œuvres remarquables et le savoir-faire exceptionnel des premiers chrétiens d’Égypte. INFOS PRATIQUES Belles d’Égypte , jusqu’au 19 mai 2019 au musée des Antiquités, 198 rue Beauvoisine, 76000 Rouen. Tél. : 02 76 30 39 50 et www.museedesantiquites.fr

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