Extrait Archéologia

ARCHÉOLOGIA N° 572 / 35 DOSSIER / L’ARMÉE ROMAINE d’une victoire diplomatique lui permettant d’insister sur la pacification des frontières et la paix universelle, la pax romana , inscrite sous le signe de la bienveillance des dieux . L’équipement des fantassins et des cavaliers L’équipement militaire est loin d’être figé dans le temps : il évolue constamment sans qu’il faille y voir un équipement unique représen- tatif d’une période définie. Fruit d’une longue tradition, l’équipement de l’infanterie prend en compte les influences autochtones, alors que l’équipement des cavaliers est fortement influencé par leur appartenance à l’élite de la société. Le recrutement de ces derniers s’ef- fectuait principalement dans des régions de tradition hippique ou selon leurs spécialités, comme les archers montés de Palmyre. La cavalerie était organisée de manière diffé- rente de l’infanterie, en partie en raison de son entraînement spécifique et de sa for- mation en escadrons (les turmae ). Dans ce corps d’armée, l’équipement de la monture et du cavalier se caractérise par le décor raf- finé et spectaculaire des cuirasses et surtout des casques. L’équipement est utilisé lors des combats mais aussi lors des jeux hippiques, les Hippica Gymnasia , au cours desquels les casques à visage permettent aussi au cavalier de jouer un rôle théâtral. la palissade du camp et de quelques outils, soit environ 40 kg de charge. Cette « légion légère » autonome, plus rapide que l’ impe- dimenta (les fourgons aux charges lourdes), peut parcourir jusqu’à 30 km en une seule journée et manœuvrer plus facilement. Elle devient l’une des formations militaires préfé- rées de César, « les mules de Marius » surpre- nant souvent l’ennemi par leur rapidité. Cette armée romaine républicaine n’était, à l’origine, pas permanente : il fallait lever des légions pour chaque campagne militaire. Les campagnes se déroulant de plus en plus loin de Rome et perdurant dans le temps, l’armée devient, sous Auguste (27 avant notre ère - 14 de notre ère), permanente, avec un service qui, au cours de l’époque impériale, pouvait durer entre 16 et 25 ans pour les légions de terre, et 26 ans pour la marine. L’ imperator , chef des armées À l’époque républicaine, le haut commande- ment des armées est confié pour un an par le Sénat à un magistrat supérieur"; ce dernier est revêtu des pouvoirs civil, juridique, reli- gieux et militaire, une notion complexe que les Romains appellent imperium . En temps de crise, ce général en chef peut même obtenir le titre de « dictateur » et bénéficier de pleins pouvoirs, néanmoins limités dans le temps et assortis de conditions, car la crainte était grande qu’une telle puissance concentrée dans les mains d’un seul homme puisse conduire à des dérives autocratiques. L’avènement de l’Empire change la donne : l’empereur concentre tous les pouvoirs et détient l’ imperium de manière perpétuelle (d’où son titre d’ imperator ), ce qui en fait naturellement le chef des armées. La céré- monie du triomphe, où l’on exhibe devant le peuple les biens pillés à l’ennemi et les peuples vaincus, est désormais réservée à l’empereur et sa famille. La statue cuirassée ( loricatus, c’est-à-dire « vêtu d’une cuirasse ») dont l’exemple le plus connu est la statue cuirassée d’Auguste Primaporta, devient une représentation tradi- tionnelle du pouvoir militaire des empereurs. Sur cet exemple en marbre, peut-être copié d’un original en bronze, Auguste est repré- senté avec une cuirasse anatomique dont le décor raffiné est centré sur la reddition des enseignes prises par les Parthes lors de la défaite de Crassus à Carrhes en Orient en 53 avant notre ère, puis rendues en 20 avant notre ère. Auguste fait le choix inhabituel Casque de parade. Deuxième moitié du II e siècle - début du III e siècle. © Musée d’Art Classique de Mougins

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