Extrait

graves inconvénients qui puisse se rencontrer dans la confec- tion des ouvrages où l’on doit employer une grande quantité de laine d’une même couleur, ainsi qu’il le faut presque toujours pour les tapis de la Savonnerie, c’est d’exiger que le chef d’atelier chargé de l’exécution d’un ouvrage de ce genre détermine autant que possible la quantité de laine nécessaire pour chaque couleur principale qui doit entrer dans la compo- sition de cet ouvrage, afin que chacune de ces quantités soit teinte en même temps. Les avantages de cette mesure sont évidents ». Chevreul explique l’évolution qui se produit : « On teint d’après l’échantillon envoyé, or tous les verts changent plus ou moins et on teindra conformément à la couleur déjà altérée et non pas à la couleur d’origine […], peu à peu la laine teinte en dernier tombera au-dessous de celle teinte d’abord […] et au bout d’un certain temps on remarquera dans le tapis des défauts qu’on attribuera injustement au teinturier 154 . » Responsable depuis peu de la Savonnerie, Des Rotours n’en expose pas moins très précisément, en mai 1826, au vicomte de La Rochefoucauld les diffi- cultés rencontrées et ses espoirs dans les recherches menées par Chevreul : « Vous avez remarqué dans les tapis de la Savon- nerie des couleurs dont l’altération est d’autant plus frap- pante qu’elles contrastent avec l’éclat de celles qui sont moins promptement altérables. Ajouter à la plus grande solidité des unes, sans remédier à la plus prompte altération des autres, ce serait faire ressortir davantage cette altération et détruire une sorte d’harmonie que conservent du moins des couleurs qui passent dans de moins inégales propor- tions. J’ai donc cru devoir insister […] pour que M. Chevreul, à qui j’ai remis des notes très détaillées et très précises à ce sujet, recherchant avant tout les moyens de remédier aux ravages si rapides de l’influence de l’air sur certaines couleurs, c’est-à-dire sur les tons gris, bleuâtres, violâtres et généralement sur les clairs, les demi-teintes ou autres, que l’on obtient par ce qu’on appelle en teinture le rabat. Vous avez recommandé, que ces renseignements vous fussent adressés par écrit afin de recommander que l’on évitât, autant que possible, de faire entrer dans la compo- sition de ces tapis les tons qui manquent de solidité. Je me suis assuré […] que M. Saint-Ange, dessinateur 39 Fig. 15 L’atelier de teinture de la manufacture des Gobelins , assie#e en porcelaine de Sèvres (service des Arts industriels), peinte par Jean‐Charles Develly, 1825. Paris, Mobilier na!onal, GMLC 814.

RkJQdWJsaXNoZXIy MTEzNjkz