Extrait SUR LE FIL (GUIMET)

53 Le retour en Afghanistan en 2002 fut un retour aux sources, un retour dans ce pays qui m’avait imprégnée de tant de souvenirs, aussi doux qu’amers, un retour qui m’amena à redécouvrir une nation, brisée mais pleine de possibilités, laissée enfant. C’est grâce au projet Zarif Design que j’ai pu renouer les liens avec une terre, des gens et une (ma) culture. J’y revenais avec une image probablement idéalisée par la distance et en brutal contraste avec la réalité du terrain, marquée par la destruction, la pauvreté et l’abandon presque total de l’art, de la culture, de l’identité, blessée par la violence de vingt-cinq ans de guerre. Ce que je cherchais tout le long de ma jeunesseen tant que réfugiée, c’était une humanité. Être une architecte parmi tant d’autres dans une grande ville comme New York m’apportait peu sur ce plan- là. De retour à Kaboul, j’ai découvert un monde de possibilités : une culture riche de talents, mais désappréciés, délaissés au fond des échoppes. Tous soumis à l’impérieuse nécessité de survie, les artisans, fatigués par de nombreuses années de conflit, avaient si peu de recul pour reconnaître la valeur de leur travail et le valoriser. Le désir de fédérer une communauté de femmes et d’hommes m’a peu à peu amenée à un projet d’atelier de couture. Returning to Afghanistan in 2002 was a homecoming, a return to this country that had filled me with many bitter and sweet memories. It was a return that led me to rediscover a nation, broken but full of possibilities, left behind as a child. It was thanks to the Zarif Design project that I was able to reconnect with a land, a people and a (my) culture. I came back probably with a picture idealised through time and in sharp contrast with the reality on the ground, scarred by destruction, poverty and almost total abandonment of art, culture and identity, wounded by the violence inflicted by twenty-five years of war. What I sought throughout my youth as a refugee was humanity. Working as an architect, among many others, in a city like New York gave me little in that respect. Back in Kabul, I discovered a world of possibilities: a culture with a wealth of sadly unappreciated talents abandoned at the back of small shops. Subjected as they all were to the pressing necessities of survival, artisans, exhausted by many years of conflict, had too little perspective to realise quite how valuable their work was and promote it. The wish to unite a community of women and men gradually led me to organise a sewing workshop. After the fall of the Taliban, Zolaykha Sherzad Artiste et créatrice de Zarif Design Les arts du fil renaissance d’une tradition millénaire The rts of the thread, the renaissance of a millenial tradition

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