Extrait

15 Leserpent: sinuosité desmythes etdesimages Pourquoi avons-nous peur des serpents ? Il faut sans doute s’en tenir à la réponse la plus simple : parce que la morsure de certains d’entre eux peut nous faire mourir. Et comme ce premier danger suffit à nous ôter le goût d’y regarder de plus près, nous préférons en somme les craindre tous, sans distinction. L’imagination fait le reste, rendant la crainte universelle et mythique. Et partout sur la terre, dans les récits fondateurs et la littérature à leur suite, c’est la menace du serpent qui s’impose, au point de faire de la sympathie pour lui non seulement une rareté, mais une anomalie. Il faut bien de la hardiesse à René Char pour déclarer sa tendresse apitoyée au petit serpent partout pourchassé, dans un poème de La Parole en archipel : « Le vipéreau restera froid jusqu’à la mort nombreuse, car, n’étant d’aucune paroisse, il est meurtrier devant toutes. » Les Travailleurs de lamer (détail) Victor Hugo, 1866 ? Dessin Paris, Bibliothèque nationale de France (ill.) Pierre Présumey

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