Extrait

13 À gauche Hyacinthe Rigaud (1659-1743) Portrait de Louis XIV (1638-1715) , détail du cat. 128 Préface A u château de Versailles, nous vivons en somme sous son regard qui a fixé l’image du roi pour l’éternité. Hyacinthe Rigaud est indissociable de Louis XIV. L’idée que nous nous faisons du pouvoir et de la grandeur passe par la majesté de ce portrait en grand costume royal qui déjà, nous impressionnait dans nos manuels scolaires. Oui, mais Hyacinthe Rigaud… connaît-on le discret peintre catalan monté à Paris, nommé portraitiste o"iciel du monarque et de sa Cour avant d’être sollicité par les élites européennes et de devenir la coque- luche de qui avait les moyens de se rendre immortel? Il y aurait de l’au- dace à présenter la première grande rétrospective consacrée à l’œuvre de Rigaud, cette exceptionnelle accumulation de portraits célèbres ou ignorés. Pour nous, il était seulement naturel demontrer lemeilleur d’un genre, trop souvent encore, considéré comme mineur. De la répétition ne naît pas ici l’ennui, mais la curiosité d’unmonde. Dans le chatoiement des couleurs, le tourbillon des drapés et des dentelles, le galbe parfait d’une jambe, l’acuité d’un regard, l’intrigue ou l’agitation d’un décor, la pose d’un personnage secondaire, se dévoile le récit d’une époque. Avec cette galerie de portraits qui s’étire sur un demi-siècle, HyacintheRigaud est à la peinture ce que Saint-Simon – qui fut aussi son client – est à la littérature. Le metteur en scène d’opéra, Pier Luigi Pizzi, familier du Grand Siècle dans le détail de ses subtilités et de ses exubérances, lui apporte la rumeur de Versailles. Elle rythme la longue carrière du peintre dans une société qui ne l’attendait pas et à laquelle il donne une postérité. La générosité des prêts issus de collections privées et publiques pres- tigieuses fait revivre ce parcours dans toute sa variété, scandé par ces autoportraits qui disent le temps qui passe… Je veux dire notre gratitude, en particulier, au musée d’art Hyacinthe Rigaud de Perpignan, ville natale de l’artiste, qui marque les débuts de sa carrière, au musée du Louvre bien sûr, ainsi qu’aux musées d’Aix-en-Provence, de Lyon, de Rennes, de Dunkerque… Leur contribution souligne la complémentarité de nos collections et la richesse d’un patrimoine dont le partage est essentiel à chacun d’entre nous. L’expertise d’Ariane James-Sarazin, commissaire scientifique de l’ex- position, qui nous entraîne dans cette fabuleuse « Fabrique du portrait » anéantit l’idée que les portraits seraient pour nos yeux superficiels trop statiques ou datés. Sous l’impulsion de Laurent Salomé, directeur du musée national des châteaux de Versailles et de Trianon et commissaire général de l’exposition avec Élodie Vaysse, conservatrice, c’est aussi une réhabili- tation du portrait qui nous est proposée à travers les chefs-d’œuvre de Rigaud. Et ce n’est pas la moindre de nos fiertés que ce soit à Versailles qui recèle une collection de portraits français unique au monde. Catherine Pégard Présidente de l’Établissement public du château, du musée et du domaine national de Versailles

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