Extrait

Entre filiation artistique et indépendance Si de manière générale la proximité entre Desboutin et Rembrandt est admise, et si l’artiste lui-même revendiquait cette fascina- tion pour le maître flamand, Abel Faure, dans un article qu’il consacra à Desboutin, posait cependant une limite assez exacte à la comparaison 20 . Il soulignait que Rembrandt procédait, le plus souvent, par un contraste irréel, qui brouille l’origine de la lumière dans ses œuvres. C’est notamment le cas dans La Pièce de cent florins (fig. 132) ou, en pein- ture, dans la Ronde de nuit . Desboutin, lui, tendait à distribuer la lumière plus naturel- lement sur son œuvre. Le contraste lumineux est souvent plus vrai, alors que chez Rembrandt il semble facilement « surna- turel », au point que le sujet paraît, dans les cas extrêmes, briller de lui-même. En quelque sorte, c’est là la limite de l’inspi- ration rembranesque chez Desboutin. Ce dernier, qui se définissait comme réaliste, refusait les expérimentations les plus radi- cales de Rembrandt sur la lumière et le clair- obscur, pour conserver dans ses œuvres une impression de vérité. De fait, en dehors de quelques œuvres qui échappent un peu au vérisme des tons, principalement en gravure, Desboutin pratiqua un clair-obscur plus modéré que son modèle, obtenant un 134 133. Autoportrait , non daté, huile sur toile, 40,1 × 33,2 cm, Bruxelles, Eric Gillis Fine Art. Rembrandt dans l’æuvre de Desboutin

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