Extrait

228 Signé et daté, en bas à gauche : L n Bonnat -/ 1879 Huile sur toile 137 x 109 cm Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon, en dépôt du musée d’Orsay, Inv. RF 2247, MV 7383 HISTORIQUE Collection du modèle ; par descendance à Jeanne Nègreponte (1869-1941), née Hugo, sa petite-fille ; sa donation sous réserve d’usufruit, 1919 ; attribué au musée du Louvre ; entré au Louvre, 1943 ; déposé au musée national du château de Versailles, 1948 ; affecté au musée d’Orsay, 1986. BIBLIOGRAPHIE Baignères, 1879, p. 550-551 ; Constans, 1980, p. 21 n° 532 ; Compin / Roquebert, 1986 B, p. 209, ill. ; Donateurs, 1989, p. 280 ; Constans, 1995, vol. I, p. 108 n° 598 ; Saigne, 2017, p. 54-55, ill., p. 416-421 cat. 277, ill. EXPOSITIONS Paris 1879, p. 29 cat. 340 ( Portrait de M. Victor Hugo ) ; Paris 1883, p. 48 cat. 239 ; Paris 1889 B, p. 7 cat. 138 ; Paris 1924, cat. 3150 ; Londres 1932, p. 223- 224 cat. 482 ; Paris 1978, p. 57 cat. 219 ; Prague / Berlin 1982-1983, cat. 7 ; Paris 1985- 1986, cat. 96 ; Stéphane Guégan in Madrid 2015, p. 142-143 cat. 36, ill. ; Lens 2019. 69 | VICTOR HUGO (1802-1885) 1879 « Le tableau que nous accrocherons à la première place en l’honneur du modèle d’abord et du peintre ensuite, écrit Arthur Baignères (1879), c’est le portrait de Victor Hugo, par M. Bonnat, qui continue sa galerie des grands hommes. […] voilà le plus grand poète du xix e siècle peint pour la postérité. Victor Hugo est assis ; le bras gauche, appuyé, sur une table, soutient la tête un peu inclinée de côté ; la main droite repose à moitié dans le gilet, noir comme le reste des vêtements. La toile est coupée au-dessous des genoux. On peut lire le titre du vieux livre sur la table : c’est Homère. L’aspect général est frappant, et l’œil se porte naturellement vers le beau front, le point lumineux de la toile sur lequel se détache la main, dont les doigts se confondent avec la chevelure blanche. Pour peu qu’on s’approche et qu’on examine le détail, on est surpris par la profondeur des yeux perdus dans une ombre dont M. Bonnat a admirablement dessiné la forme capricieuse. Le sillon qui marque la séparation entre le nez et le front est un miracle de justesse et d’observation. Ce qui frappe dans la peinture de M. Bonnat, équilibre parfait du dessin et de la couleur, c’est qu’elle est honnête et saine. On n’y sent ni tricheries, ni surprises, ni à peu près ; on a le sentiment du plein jour, de la vie et de la force. Jamais il n’emprunte aux accessoires un intérêt factice ; il pense qu’un poète bien assis sur une chaise, accoudé sur une table et regardant droit devant lui, intéresse autrement que s’il l’avait entouré de lauriers, de lyres et de myrtes, il a bien raison : c’est encore la meilleure manière, pour faire vivre un Dieu, de peindre un homme. » Lorsque Bonnat rencontra Victor Hugo, l’homme de lettres et poète de génie, rentré en France après la chute du Second Empire et élu sénateur en 1876, terminait sa vie, auréolé d’un prestige populaire et d’une gloire officielle dont on a peine à imaginer l’importance aujourd’hui. L’artiste est à l’initiative de ce portrait d’un homme qu’il admirait infiniment et qu’il voulait ajouter à sa galerie des grands hommes : « Je l’ai adoré dans ma jeunesse, il a trop mis de soleil, d’Orient dans mon imagination au temps jadis, pour que je ne saisisse avec enthousiasme l’occasion de le connaître. Il a été une espèce de Dieu. » Victor Hugo accepta de rencontrer Bonnat à la fin du mois de novembre 1878, et de poser pour lui, dans son atelier, et les témoignages semblent montrer que la pose, qui rappelle pourtant celle des philosophes antiques dans la peinture classique, était habituelle chez l’illustre vieillard et s’imposa naturellement : « Il s’assit, accoudé à une table et je sentis que ce que j’avais de mieux à faire était de le représenter ainsi. Il parlait peu, posait très bien, et quand je jugeai la séance terminée, il me dit de continuer, qu’il ne connaissait pas la fatigue… » Acquis par son modèle dans des conditions qui ne sont pas connues, le tableau fut présenté au Salon de 1879, où il reçut un accueil mitigé, mais sa présentation sur le catafalque du poète, lors de ses obsèques nationales en 1885, marqua le début d’un énorme succès populaire, resté intact jusqu’à nos jours. Il devint peu à peu l’image la plus célèbre

RkJQdWJsaXNoZXIy MTEzNjkz