Le musée Ingres Bourdelle

10 Pourquoi un projet de rénovation pour le musée Ingres Bourdelle ? Un projet de rénovation pour ce musée s’imposait comme une évidence en ce début du XXI e siècle, car, au fond, le bâ- timent n’avait pas connu de profondes transformations depuis plus d’un siècle, même si chaque génération de conser- vateurs avait proposédesmodifications de salles et de parcours. Il fallait tout d’abord, au regard de l’évolution des pratiques muséales, du changement de goût et des points d’intérêt des visi- teurs et des apports nouveaux de l’his- toire de l’art, essayer de créer une autre cohérence et développer un discours différent sur ces collections riches et variées, en mettant par exemple en va- leur les aspects moins connus du travail créatif des figures tutélaires d’Ingres et de Bourdelle. Ensuite, il était important de repenser l’accueil des visiteurs en l’améliorant, en termes de confort bien sûr, mais aussi en rédigeant de nou- veaux supports didactiques, plus clairs, plus nombreux et si possible traduits pour nos visiteurs étrangers. Le musée se répartissait sur cinq niveaux avec une circulation verticale un peu complexe, car limitée au seul escalier d’honneur distribuant tous les étages et contraignant à des retours en arrière fastidieux. Trouver une fluidité nouvelle, permettant aussi aux per- sonnes à mobilité réduite de circuler dans le musée, était nécessaire. Quels axes forts avez-vous privilégiés ? L’histoire d’unmusée, c’est toujours une succession de donations et de legs ; cela a particulièrement marqué la genèse du musée de Montauban. Nous avons donc eu envie de créer un ensemble plus cohérent, permettant d’améliorer la présentation des œuvres d’Ingres en leur donnant la place qu’elles mé- ritent et en articulant mieux le rapport entre ses dessins et ses peintures. Nous avons aussi souhaité donner une plus grande visibilité aux autres collections constitutives de l’histoire du musée : en particulier le fonds Bourdelle – l’autre artiste majeur que Montauban a vu naître – et la collection de peintures NJEUX D’UNE RÉNOVATION MÉTAMORPHOSE D’UN MUSÉE Entretien avec Florence Viguier-Dutheil, conservateur en chef du Patrimoine, directrice du musée Ingres Bourdelle Comment un musée né au XIX e siècle dans un ancien palais épiscopal bâti sur les ruines de forteresses médiévales entre-t-il dans le XXI e siècle ? Florence Viguier-Dutheil, conservateur en chef du Patrimoine , est directrice du musée depuis 2003. Elle a présidé aux réflexions qui ont conduit à sa rénovation et à sa réouverture le 14 décembre 2019. Elle explique les enjeux et les incontestables réussites du nouveau musée Ingres Bourdelle. anciennes qui a présidé à la naissance du musée. L’idée était donc d’amélio- rer la présentation des collections et la circulation dans le bâtiment tout en faisant en sorte que cette amélioration soit perceptible dès l’entrée : ce musée, installé dans un monument historique qu’il a toujours occupé très respectueu- sement, presque timidement depuis sa naissance, devait enfin montrer qu’il était parvenu à maturité et s’afficher comme lieu muséal dès le franchisse- ment du seuil. Qu’est-ce qui caractérise cette iden- tité muséale affirmée ? Que découvre le visiteur du XXI e siècle dès l’accueil ? Le musée s’est implanté dans un ancien palais épiscopal du XVII e siècle, lui-même bâti sur une place forte médiévale construite pendant la guerre de Cent Ans. Il lui était donc difficile de s’affirmer en tant que tel. Jusqu’en 2004, l’accueil du public se trouvait réduit à la portion congrue, c’est-à-dire à une guérite en plein courant d’air, sur un palier de l’escalier E

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