Extrait

3 Parmi les richesses du musée Anne-de-Beaujeu, il en est une connue de tous les musées d’Europe. Que l’on soit à Bruxelles, Londres, ou à Paris, partout, au détour d’une vitrine présentant des objets de l’Antiquité, se trouve une petite figurine en terre cuite claire représentant une Vénus sortie des eaux, une déesse-mère. Ce peut être également un animal tel un singe ou un cheval. Ces objets sont connus depuis le XIX e siècle comme les « figurines en terre blanche de l’Allier ». C’est à Toulon-sur-Allier, à Dompierre-sur-Besbre ou encore àVichy, que l’on fouille pour la première fois des fours de potiers au milieu du XIX e siècle : moules, figurines à peine sorties des fours sortent alors de terre, tel le fruit d’un labour étrange. La richesse et la diversité de la production antique dans la basse vallée de l’Allier, mais surtout l’efficace communication de ses découvreurs que sont Edmond Tudot, Louis Esmonnot ou Alfred Bertrand, figent pour un siècle et demi cette appellation dans la communauté scientifique et pour le grand public. Mais la recherche avance. Partout en France, l’archéologie multiplie ses chantiers et l’on sait désormais que l’Allier d’alors n’était pas le seul centre de production pour ces objets. Autun ou Bordeaux, pour ne citer qu’eux, apparaissent aussi comme importants. L’exposition « Témoins d’argile. Les figurines en terre cuite du centre de la Gaule » est la première rétrospective à mettre en avant ces objets depuis plus de vingt ans. Elle présente non seulement les trésors de la collection du musée Anne-de-Beaujeu, mais elle est également l’occasion de retrouver dans le Bourbonnais certaines pièces découvertes dans l’Allier, qui font aujourd’hui partie des collections du musée d’Archéologie nationale de Saint-Germain-en-Laye et qui retrouvent pour ainsi dire leur maison. Cette exposition est l’occasion de montrer le dynamisme des populations qui occupaient notre territoire il y a 2 000 ans. Ce geste consiste à ouvrir une fenêtre sur leur mode de vie, leur culture, leurs croyances. C’est en outre une façon de montrer la force des échanges culturels et commerciaux durant l’Antiquité, grâce notamment aux figurines retrouvées lors de fouilles en Autriche et qui ont été fabriquées dans la basse vallée de l’Allier. Comment ces objets ont-ils parcouru plus de 1 000 km ? Pourquoi ont-ils inspiré les potiers locaux à tel point que ces derniers ont cherché à les reproduire à l’identique et en grand nombre ? L’étude de ces figurines est plus que jamais d’actualité. De jeunes chercheurs s’intéres- sent au sujet, équipés d’outils technologiques innovants ; sur le terrain, les équipes d’archéologues du Service d’archéologie préventive du département de l’Allier (SAPDA) mettent à jour régulièrement des figurines comme par exemple à Yzeure en 2020. Valoriser la riche histoire du Bourbonnais nourrit encore une fois la fierté de notre territoire à (re)découvrir. Édito Jupiter vêtu de braies gauloises une roue sur l’épaule et tenant un personnage féminin à sa gauche Saint-Pourçain-sur-Besbre MAB – Inv. 5.4.2 H. 19,7 ; l. 8,4 cm © CD03 Claude R IBOULET Président du Conseil départemental de l ’ Allier

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