Extrait Clouet, le miroir des dames

56 Jean Clouet En haut à droite, en écriture bâtarde : Catelot Pierre noire et sanguine. Rehauts d’aquarelle lilas et grise Sur le visage, traces d’encre provenant d’une écriture fraîche ou détrempée Filigrane : une roue de sainte Catherine à six pale es traversée par une ge avec un cœur en bas et trois cœurs au sommet (Briquet n o 13353 : 15021520) H. 29,1 cm ; L. 21 cm MN 179 HISTORIQUE Catherine de Médicis ; légué à sa pe tefille, Chris ne de Lorraine, grandeduchesse de Toscane ; collec on Médicis ; Ignazio Enrico Hugford ; collec on des comtes de Carlisle, Castle Howard ; acquis par Henri d’Orléans, duc d’Aumale, en 1889 BIBLIOGRAPHIE Gower, 1875, I, pl. 65 ; Bouchot, cat. manuscrit , n o 127 ; MoreauNélaton, 1908 [1], n o 179 ; 1910, p. 174, n o 179, pl. XXXV ; 1924, III, p. 24, n o 179 (1535) ; Dimier, 1925, II, n o 204 (a r. au 3 e émule de Jean Clouet) ; Leymarie, 1947, pl. 13 ; Broglie, 1971, n o 179 ; Maltseva, 1978, p. 106, fig. 106 ; Jollet, 1997, p. 198 ; Zvereva, 2011, p. 294, cat. 237 Chargés de divertir, souvent à leurs dépens, les souverains et les cours de la Renaissance, les nains, appelés aussi fous, jouis- saient d’un certain statut social. C’était le cas de Catherine dite Cathelot, naine de la reine Claude de France qui passa, à la mort de cette dernière, au service de sa fille, Marguerite de France, duchesse de Berry. Claude de France, comme son époux, ou Catherine de Médicis plus tard, appréciaient beau- coup la compagnie de ces nains ; on retrouve dans les comptabilités d’époque les cadeaux et traitements qu’on leur accordait, tandis qu’ils disposaient souvent de leurs propres serviteurs. Ronsard ne dit d’ailleurs pas autre chose dans l’un de ses sonnets : « Si j’estois nain j’aurois toute chose à souhait, J’aurois soixante sols par jour et d’avantage, J’aurais faveur du Roy, caresse, et bon visage, Bien en point, bien vestu, bien gras, et bien refait. » Jean Clouet a su parfaitement rendre le caractère acariâtre de Cathelot qui devait divertir la cour. Elle est dépeinte dans son costume caractéristique : bien que le modèle ait, d’après les comptabilités de l’Épargne du roi établies en 1537, possédé un vêtement couleur lilas, il semblerait plutôt que le lavis de la même couleur apposé ici soit postérieur, car il recouvre un col tracé différemment par l’artiste. Ce portrait est sans doute préparatoire à un tableau, si l’on en juge la ligne horizontale qui barre le buste de la naine, délimitant le futur cadre. Catherine dite Cathelot, naine ou folle de la reine Claude (vers 1500 – vers 1540) vers 1537 21

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