Extrait

PROGRESSION DE L’ÉCLAIRAGE À L’HUILE DANS LES CHÂTEAUX Les progrès de la lampe à huile à partir de 1780 vont être déterminants. Toutefois leur introduction dans les parties officielles et dans les appartements de quelque importance fut très progressive et sujette à des réticences. Nous savons qu’il existait en février 1824 aux Tuileries « dans l’escalier intérieur de l’appartement des enfans de France, cinq manchons à mèche rondes, comme tous les manchons éclairés par l’huile. S. A. R. M me la Duchesse de Berri se plaint de l’odeur désagréable qu’ils exhalent et désire qu’ils soient remplacés par des manchons faits avec des souches en cuivre propres à recevoir des bougies (23) ». Un an après, il est malgré tout envisagé d’installer aux Tuileries, dans le nouveau cabinet de toilette de cette même duchesse de Berry, « une lampe à suspension à trois becs sinombre forme cassolette antique fond bronze, ornemens, pavillon chaines, […] partie dorée au mat et partie bronzée avec trois globes en cristal dépoli ajusté sur les becs », dans la salle de bains, une « lampe à suspension à un bec […] en cuivre bronzé avec globe en cristal forme sinombre » et enfin une autre « lampe sinombre à suspension à un bec » dans le corridor de la chambre à coucher (24) . Il est par ailleurs demandé en 1822 une lampe pour le château de Fontainebleau. En effet « la salle à manger de Monsieur le Gouverneur étant dépourvue d’un article de mobilier extrêmement essentiel pour l’éclairage de la dite salle, Monsieur le Marquis vient de me faire la demande d’une lampe astrale à trois becs qui serait adaptée au plafond et au milieu de la salle pour pouvoir éclairer toute la table (25) ». Il faudra véritablement attendre la monarchie de Juillet pour voir leur introduction dans les pièces d’apparat des palais. Les fabricants de bronzes vont commencer à fournir des lustres et des bras de lumière prévus pour recevoir des « Carcels ». La maison Denière, en décembre 1832, va livrer pour la galerie Louis-Philippe aux Tuileries vingt-deux bras « à onze branches riches ». Cette livraison comprenait des « coupes forme antique avec ornements ciselées […] lesquelles sont destinées à être placées dans l’intérieur des bras à 11 lumières pour recevoir des lampes mécaniques (26) ». De même que Chaumont, fabricant de bronzes, fournit au Garde-Meuble en 1838 pour les grands appartements du palais de Saint-Cloud « 20 bras à 5 lumières, composé d’une forte branche à cornet et feuilles d’ornemens pour soutenir une Carcel (27) ». Cette maison, devenue Chaumont et Marquis, livra encore cette même année pour le salon du Trône, le salon de réunion et le salon de billard au château de Saint-Cloud dix « candélabres à 7 lumières, et disposés pour recevoir une carcel au milieu [(…) mais cette fourniture se fait] sans [les] lampes (28) ». Le Garde-Meuble acquiert enfin en 1845 pour le grand salon du duc de Nemours aux Tuileries, et toujours auprès de Chaumont et Marquis, « deux lustres à 24 lum[ières]. […] avec disposition pour recevoir 4 lampes carcel […] garnis de cristaux plaquettes de France (29) ». Il ne s’agit là que de quelques exemples représentatifs. 16 la lumière dans les collections du garde-meuble Bras de lumière en bronze doré à « quatre bougies et un plateau », époque Second Empire. Coll. Mobilier national, GML 83, notices 180 et 181, notes 1 et 3.

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