Extrait Virgule

m S o c i é t é p r o t e c t r i c e d e s M O T S S PM Dico Employez le verbe obombrer pour tout ce qui fait de l’ombre ou obscurcit, qu’il s’agisse de poils ou de parapluies : « Quelques poils commençaient à obombrer les commissures de ses lèvres » (Théophile Gautier, Le Capitaine Fracasse , 1863) ou encore « Des passants noirs, obombrés de parapluies difformes, s’entrecroisaient. » (Villiers de L’Isle-Adam, Contes cruels , 1883) Puisqu’on peut se tapir dans l’ombre, utilisez également obombrer au sens de « cacher, dissimuler » : « Les caricatures de Goya renferment, dit-on, quelques allusions politiques, […] Mais il faut bien les chercher à travers le voile épais qui les obombre . » (Théophile Gautier, Voyage en Espagne , 1859) Envahi par une sombre humeur, vous n’êtes plus que l’ombre de vous-même ? Recourrez encore au mot obombrer , puisque dans son emploi figuré, il signifie « rendre triste ». Même sans ombre au tableau de votre vie, cela fonctionnera aussi : « Mon esprit subtilement actif, que n’ obombre aucune inquiétude, sourit à la plus humble et plus aimable pensée, comme ma chair à l’azur, au soleil, et mon cœur à tout ce qui vit. » (André Gide, Journal, 1926-1950) QUI VEUT L’ADOPTER ? Écrivez vite à la SPM* si vous êtes intéressé/e : vous recevrez alors votre carte de membre. Si vous l’avez déjà, il vous suffit, pour adopter OBOMBRER, d’inscrire ce mot dans les cases réservées à cet effet, au dos de votre carte. Sociétéprotectricedesmots Nom!prénom Adresse Lemagazinede français etde littératurepour les10-15ans carte-spm-MEP_Mise en page 1 * Virgule , bureau de la SPM, 25 rue Berbisey, 21000 Dijon ou redaction@virgule-mag.com ÀlaSPM(Sociétéprotectricedesmots), onrecueilledesmotsmaltraités, délaissés, envoiededisparitionouabandonnés. OBOMBRER Le mot du m!s : DANS L'OMBRE DU LATIN ´ Vous voilà convaincu que le verbe obombrer mérite de sortir de l’ombre ? Prouvez-le-nous en écrivant une phrase contenant ce mot, et envoyez-la à la rédaction de Virgule . Obombrer provient du verbe latin obumbrare , formé du préfixe ob- signifiant « pour » et du radical umbrare voulant dire « faire de l’ombre ». Sans l’ombre d’un doute, il s’agit d’ un emprunt « savant » : cela signifie que contrairement à des mots qui ont évolué progressivement à partir du latin (comme ciel provenant de caelus par exemple), ce mot a été transposé directement en français plus tardivement afin de doter notre langue de vocables plus soutenus . COMME LES ÉCRIVAINS, adoptez cemot ! « Qui!ez ce!e livrée [cet unif"me] de mélanc#ie et de misère qui ob$bre vos avantages nat%els et v&s insp'e une injuste défiance de v&s-même. » Théophile Gautier, Le Capitaine Fracasse, 1863. Vieilli , ce verbe signifie au sens propre couvrir d’une ombre . Si on l’employait jadis dans la littérature sacrée au sens de protéger , dans des phrases comme « Les anges l’obombraient de leurs ailes » (Dictionnaire de l’Académie), on l’utilise dorénavant fréquemment dans son sens littéraire et figuré comme un synonyme d’attrister ou d’assombrir .

RkJQdWJsaXNoZXIy MTEzNjkz