Extrait Virgule

m S o c i é t é p r o t e c t r i c e d e s M O T S S PM Dico QUI VEUT L’ADOPTER ? Écrivez vite à la SPM* si vous êtes intéressé/e : vous recevrez alors votre carte de membre. Si vous l’avez déjà, il vous suffit, pour adopter CALENTURE , d’inscrire ce mot dans les cases réservées à cet effet, au dos de votre carte. Sociétéprotectricedesmots Nom!prénom Adresse Lemagazinede français etde littératurepour les10-15ans carte-spm-MEP_Mise en page 1 * Virgule , bureau de la SPM, 25 rue Berbisey, 21000 Dijon ou redaction@virgule-mag.com ÀlaSPM(Sociétéprotectricedesmots), onrecueilledesmotsmaltraités, délaissés, envoiededisparitionouabandonnés. CALENTURE Le mot du m!s : COUP DE CHAUD CHEZ LES MATELOTS ! Si l’on comprend aisément que des navigateurs puissent avoir été victimes de violentes insolations accompagnées de poussées de fièvre sous les tropique s, une maladie qui les pousse à se jeter à la mer semble aujourd’hui bien légendaire … VÉRITABLE FRÉNÉSIE TROPICALE ? ´ Nostalgique de la calenture, vous brûlez de sortir ce terme de la désuétude dans laquelle il a sombré ? Prouvez-le-nous en rédigeant une phrase contenant ce mot et envoyez-la à la rédaction de Virgule . Le mot calenture, en usage à partir du XVIII e siècle , fut employé comme un véritable terme médical . Il provient de l’espagnol calentura qui signifie « fièvre ardente » , lui-même issu du latin calere désignant le fait « d’être brûlant » . COMME LES ÉCRIVAINS, adoptez cemot ! « C#me de$ anges que t%t&e Une implacable calent&e , Dans le bleu 'istal du matin Suiv(s le m)age l!ntain ! » Charles Baudelaire , Les Fleurs du Mal, 1857. Ce nom féminin et désuet désigne une sorte de fièvre délirante qui s’empare des navigateurs dans les zones tropicales . Victimes de mirages ou d’ hallucinations , les marins ont alors le désir irrépressible de se jeter à la mer et croient marcher dans les prés . Dans la première édition de l’ Encyclopédie de 1751, on trouve une description des symptômes de la calenture qui fait étrangement froid dans le dos : « Un matelot âgé de trente à quarante ans, assez grand, mais fluet, fut attaqué d’une calenture si violente, que quatre de ses camarades suffisaient à peine pour le retenir : il s’écriait de temps en temps qu’il voulait aller dans les champs ; il avait la vue égarée, furieuse ; son corps était dans une chaleur brûlante, et son pouls fort déréglé » Pour agrémenter le récit d’un tragique naufrage, terrorisez votre lecteur en évoquant quelques victimes de la calenture : « Dans cette détresse, nous eûmes, outre la terreur de la tempête, un de nos hommes mort de la calenture , et un matelot et le domestique emportés par une lame. » (Daniel Defoe, Robinson Crusoé, 1719) Employez enfin le terme de calenture au sens figuré, pour désigner n’importe quel fiévreux débordement de votre imagination : « Parfois, mes goûts naturels se réveillaient comme un incendie longtemps couvé. Par une sorte de mirage ou de calenture , moi, veuf de toutes les femmes que je désirais, dénué de tout et logé dans une mansarde d’artiste, je me voyais alors entouré de maîtresses ravissantes !... » (Honoré de Balzac, La Peau de chagrin, 1831)

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