Extrait Virgule

Peter Pan des Jardins de Kensington à Neverland 22 mante étendue d’eau qui marque, à l’est, la limite des Jardins de Kensington. « Une faible partie seulement de la Serpentine est dans les Jardins, car elle passe aussitôt sous un pont » . L’île de Peter Pan se trouve au-delà du pont, et aucun être humain ne peut y accé- der, sauf en volant. E n 1902, James Matthew Barrie publie le Petit Oiseau blanc , un roman à la fois très féerique et très étrange, peuplé de nombreux personnages et composé de multiples histoires enchâssées les unes dans les autres. C’est dans ce roman qu’apparaît, pour la première fois, Peter Pan , auquel six chapitres (sur les vingt et un que compte le roman) sont consacrés. Plus tard, en 1906, ces six chapitres seront édités à part, sous le titre de Peter Pan dans les Jardins de Kensington , et avec des illustrations d’Arthur Rackham. Les Jardins de Kensington, l’un des plus grands parcs londoniens, sont en effet le cadre et le décor des pre- mières aventures de Peter Pan. Et, pour commencer, Barrie nous offre une visite guidée des lieux, qu’il décrit de façon détaillée, avec de nombreuses digressions fan- taisistes. « Les Jardins sont bornés d’un côté par une ligne d’omnibus qui n’en finit plus » … « Il y a plus d’une porte à ces Jardins, mais il n’y en a qu’une par où vous entrez ; avant d’entrer, vous parlez à la femme des ballons qui se tient dehors […]. Elle se tient tout-à- fait accroupie, car les ballons la tiraillent continuelle- ment, et l’effort lui fait une figure toute rouge. Une fois, il y en eut une nouvelle parce que l’ancienne s’était laissé emporter » . Une fois passées les grilles et la porte, on découvre un fabuleux terrain d’aventures : « Les Jardins sont une contrée immense et redoutable, avec des milliers et des milliers d’arbres » . Et puis : « Nous voici maintenant à la Grande Allée » , et là, « nous avons à notre droite l’Allée des Bébés, qui est si pleine de promeneurs qu’on pour- rait la traverser d’un bout à l’autre en passant sur des bébés, si toutefois les nourrices vous laissaient faire. » Plus loin, se trouve le Puits de Saint-Govor, et, après les terrains de cricket, on voit enfin le grand bassin : « Il est rond parce qu’il est juste au milieu des Jardins ; et quand on est arrivé, on ne désire pas aller plus loin […]. Il y a des hommes qui lancent des bateaux sur le bassin, des bateaux si gros qu’ils les apportent sur des brouettes » . « Des chemins venus de partout se pressent en foule comme des enfants au bord du bassin. » Un de ces chemins conduit à la Serpentine, cette longue et char- © Chris Beetles Ltd, London / Bridgeman Images V La dame aux ballons (illustration d’Arthur Rackham)

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