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Plusieurs penseurs et auteurs grecs de l’Antiquité ont porté le nom de Diogène (en grec ancien Diogenês , ce qui signifie “né de Zeus”). Les deux plus célèbres sont Diogène de Sinope, un philo- sophe du IV e siècle avant J.-C., et Diogène Laërce, un auteur du III e siècle après J.-C. Le premier, Diogène de Sinope, nous est principalement connu grâce au second, Diogène Laërce, qui a composé un ouvrage intitulé Vies, doctrines et sentences des phi- losophes illustres . Cet ouvrage retrace l’his- toire de la philosophie de la Grèce antique depuis les origines, au VII e siècle avant J.-C. Il se compose de dix livres, consacrés chacun à une École philosophique, c’est-à-dire à un courant de pensée, d’idées. Pour commencer, en introduction, Diogène Laërce affirme fièrement que « la philosophie a pris naissance chez les Grecs, comme le prouve d’ailleurs son nom » . En effet, ce sont les Grecs qui ont créé le mot philosophia (com- posé de philo- , “amour”, et de sophia , “savoir, science, sagesse”), pour désigner “l’amour, le goût du savoir”, et “la recherche de la sagesse, de la vérité”. Diogène Laërce nous présente, dans le livre I de son ouvrage, les plus anciens sages Grecs , qui, comme Thalès de Milet, étaient à la fois philosophes, poètes, mathématiciens et physi- ciens. Dans le livre II, on découvre la vie et la pensée de Socrate, que les anciens Grecs considéraient comme « le père de la philoso- phie » , et d’autres philosophes de son temps ; les livres III et IV sont dédiés à Platon , le plus illustre élève de Socrate, dont il a retrans- mis l’enseignement, car Socrate lui- même n’a laissé aucun écrit, et aux Platoniciens (les disciples et succes- seurs de Platon)… Antisthène était, comme Platon, un élève de Socrate, et il a fondé à Athènes, vers 390 avant J.-C., l’École des Cyniques, à laquelle est consacré le livre VI. Le mot cynique (en grec kunikos , adjectif formé à partir de kuôn , kuonos , le “chien”) désigne , étymologi- quement, un individu “qui se comporte comme un chien, qui ressemble au chien”. Les Cyniques menaient une vie de clochards, ils mangeaient et faisaient leurs besoins dans les rues et sur les places publiques, aux yeux de tous, sans gène et sans pudeur, c’est pourquoi on les traitait de “chiens”. Ils se moquaient des conventions et du qu’en-dira- t-on, méprisaient les richesses et les honneurs, et voulaient ne dépendre de rien ni de per- sonne, pour être parfaitement libres, aussi libres que des chiens errants… De tous les Cyniques, Diogène de Sinope est sans doute celui qui a le plus marqué les esprits de ses contemporains (les Athéniens du IV e siècle avant J.-C.), non seulement par sa conduite, jugée scandaleuse ou folle par cer- tains, et exemplaire par d’autres, mais aussi par son humour, son ironie (aussi mordante que les crocs d’un chien), son sens de la répartie. La vie de Diogène de Sinope, telle qu’elle est racon- tée par Diogène Laërce, est une succession d’anecdotes, qui ne sont probablement pas toutes authentiques, mais qui illustrent bien la pensée, les idées du philosophe le plus original et le plus anticonformiste de la Grèce antique. 15 DIOGÈNE DE SINOPE ET DIOGÈNE LAËRCE Peinture de Waterhouse, 1882 © FineArtImages/Leemage Ce tableau, peint au XVI e siècle par Raphaël, représente les plus illustres philosophes athéniens de l’Antiquité : Diogène, vêtu de bleu, est assis sur les marches, au centre de la scène. ▼ © Leemage

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