Extrait Virgule

Dans ce poème, Paul Verlaine évoque les impressions et sensations qu’il éprouve alors qu’il traverse en train, de nuit, la région de Charleroi (en Belgique). Les images se succèdent, rapides : des champs, « des bouges » (des maisons misérables), des usines où l’on travaille les métaux – les « forges rouges » –, des gares… Et, dans « l’herbe noire » de ces paysages noc- turnes, des « Kobolds ». Qu’est-ce qu’un Kobold ? UN INSECTE – UNE LANTERNE – UN LUTIN – UN OUVRIER – UN PAYSAN – UN RUISSEAU – UN SERPENT – UN TRACTEUR Dans l’herbe noire Les Kobolds vont. Le vent profond Pleure, on veut croire. Quoi donc se sent ? L’avoine siffle. Un buisson gifle L’œil au passant. Plutôt des bouges Que des maisons. Quels horizons De forges rouges ! On sent donc quoi ? Des gares tonnent, Les yeux s’étonnent, Où Charleroi ? Parfums sinistres ! Qu’est-ce que c’est ? Quoi bruissait Comme des sistres ? Au pays noir , tableau de Constantin Meunier (détail), 1893 © akg-images/Cameraphoto Sites brutaux ! Oh ! votre haleine, Sueur humaine, Cris des métaux ! Dans l’herbe noire Les Kobolds vont. Le vent profond Pleure, on veut croire. Paul Verlaine, Romances sans paroles, 1874 Charleroi

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