Extrait Sport & Vie

hors-série n o 57 51 on pressent que le problème n’est pas seulement mécanique et, après iden- tiĆcation du type d’infection, l’usage des antibiotiques ne souffre pas la discussion. Et les autres lombalgies? 3ourraient elles aussi tirer bénéĆcie d’un traitement aux antibiotiques? Jusqu’il y a peu, on aurait sûrement répondu par la négative. Aujourd’hui, on en est un peu moins sûr. Le doute est venu d’une étude parue il y a une vingtaine d’années qui a mis en évi- dence des bactéries pathogènes dans des biopsies de disques interverté- braux chez des patients lombalgiques chroniques (2). En clair, certaines her- nies discales pourraient elles aussi avoir une origine infectieuse. Et cela change tout! Des disques en capilotade Pour comprendre de quoi il retourne, il est absolument nécessaire de rap- peler quelques notions de base en physiopathologie et s’intéresser plus précisément à la constitution du disque. On comprendra alors qu’il s’agit d’un élément composite, c’est-à- dire qu’il associe deux matériaux aux leur bonne pénétration osseuse. Plus rarement, on trouvera d’autres agents infectieux comme le Mycobacterium tuberculosis dans le «mal de Pott» ou la tuberculose osseuse. Le traitement sera le même que pour l’atteinte pul- monaire, c’est-à-dire l’association de quatre antibiotiques différents. En revanche, il faudra suivre le traite- ment pendant une période d’au moins six mois pour tenir compte de la faible irrigation sanguine des pièces articu- laires et donc de la mauvaise péné- tration des principes actifs dans le tissu osseux. Plus rarement encore, il arrive qu’on se retrouve face à des germes Brucella comme dans ces cas de brucelloses qui touchent priori- tairement les éleveurs de moutons. Ces coccobacilles présentent la par- ticularité d’être tout petits et donc de pénétrer à l’intérieur même des cel- lules (1). Le traitement requiert l’uti- lisation d’antibiotiques capables de pénétrer l’os et même d’entrer dans le cytoplasme. Là encore, on procède par association de trois antibiotiques sur une durée totale d’au moins six mois. Voilà pour les quelques maladies d’origine infectieuse qui constituent une sous-classe dans la grande famille des lombalgies. Elles ne sont pas les plus fréquentes et souvent elles se distinguent des autres en étant accom- pagnées d’une série de symptômes spéci- Ćques en dehors de la douleur. Les victimes sont souvent accablées de fatigue. Elles font de la Ćèvre. &ertaines perdent du poids. Bref, propriétés distinctes: un noyau cen- tral gélatineux ( nucleus pulposus ) qui permet de supporter les contraintes en compression, et un anneau péri- phérique ( annulus fiErosus ) qui res- semble plus à un ligament et résiste aux forces en traction caractéris- tiques des mouvements de torsion. Cette pièce anatomique qu’on pré- sente classiquement comme un vul- gaire petit coussin entre les corps ver- tébraux est ainsi de nature plus subtile qu’on ne l’imagine. D’autant qu’elle est extrêmement mal vascularisée. Un petit peu de sang circule en périphé- rie. Rien du tout en son centre. Cela signiĆe qu’en cas de lésion, le disque ne peut pas compter sur les habituels processus de cicatrisation grâce aux apports de nutriments véhiculés par le sang. Attention! Cela ne veut pas dire que toute possibilité de guérison est à exclure. Non! Seulement, cette guérison est toujours très lente et passe par un système passif de dif- fusion des substances roboratives à travers les plateaux vertébraux, ce qui implique de se bouger un peu. Lorsqu’on marche, ou a fortiori que l’on court pendant la journée, les disques sont écrasés par les masses osseuses et se vident de leur contenu. Lorsqu’on se repose la nuit en position couchée, ils reprennent leur ancienne forme par un processus favorable de pompage des ćuides environnants (3, 4). L’alternance des phases d’écra- sement et de gonćement est accen- tuée chez ceux qui sont très actifs. Ce serait même la principale expli- cation à la meilleure santé du rachis des sportifs par rapport à celui des non-sportifs. Cela dit, cette résis- tance n’est pas à toute épreuve. Dans la deuxième moitié de la vie, il arrive assez fréquemment que le disque dégénère. Même chez les sportifs! Hip, hip, hip, hernie! Disque normal Hernie discale Moelle épinière Compression du nerf Annulus fibrosus Nucleus pulposus Corps vertébral La journée, on s’écrase. La nuit, on se regonfle.

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