Extrait Sport & Vie

hors-série n o 50 59 l’intense concentration qui préside à l’exécution de chaque geste. C’est aussi un excellent exercice de mémoire car toute cette chorégraphie doit évidem- ment être retenue par cœur. «A mesure qu’on maîtrise ces mouvements, on ressent aussi de plus en plus de bien-être» analyse- t-elle. Puis il y a l’aspect médical. Car le qi gong ne se résume pas à une simple technique de remise en forme. Il pour- suit aussi des ambitions thérapeutiques avec des séances spécifiques pour agir sur des pathologies précises ou des organes défaillants comme les tendons, les muscles, le foie, les poumons. Ainsi, il y a un qi gong du cœur, un qi gong du foie et même un qi gong de l’humeur (nei gong) pour tous ceux qui souffrent de dépression. Depuis peu, on trouve aussi un qi gong adressé aux femmes qui veulent trouver une solution aux douleurs prémenstruelles. La docteure chinoise Liu Ya Fei propose de son côté une méthode qui allie mouvements et automassages sur des points d’acu- poncture, principalement au niveau des seins et du ventre. Pleine de poésie, elle lui a trouvé un joli nom: «la fille au corps de jade» . Il en existe un équivalent mas- culin destiné davantage à libérer l’éner- gie sexuelle. Bref, vous l’avez compris, on trouve toute une littérature à propos de l’impact sur la santé de ces mou- vements spécifiques. Certains textes sont carrément ésotériques. D’autres apparaissent plus sérieux. Notamment tous ceux qui concernent le qi gong du combattant, qui se présente comme un entraînement à la pratique des arts martiaux, ce qui nous amène au taï-chi-chuan. une série de mouvements supposés permettre la mobilisation du fameux «qi» , ce courant énergétique qui, selon la médecine chinoise, parcourrait des méridiens disséminés partout dans l’or- ganisme. Le qi gong s’articule autour de milliers de postures et d’exercices exé- cutés soit au ralenti, soit de façon plus dynamique, couché, assis ou debout. Tout dépend des écoles et de leurs ins- pirations respectives: taoïsme, boudd- hisme ou confucianisme. «On dit qu’il y a autant de qi gong que de villages en Chine» explique Marie-Madeleine Durand, devenue il y a 25 ans professeure de qi gong et de taï-chi-chuan après avoir été séduite par le lien entre ces pratiques gymniques et la danse, qui constituait sa passion première. En plus du fait que ni l’un ni l’autre n’exigent de matériel. «Le qi gong se pratique seul, comme une arme qu’on affûte.» Marie-Madeleine Durand laisse ainsi libre cours à son ins- piration, sans tomber pour autant dans l’anarchie. Quelques principes de base guident son enseignement, notamment ont évidemment fait réagir les inter- nautes. «Il est ridicule de tirer comme conclusion que le MMA surpasse le kung-fu ou le taï-chi-chuan à partir de cette vidéo» s’indignaient certains. «Ce ne sont pas les disciplines qui comptent. Tout dépend du niveau des combattants.» Bien sûr, ils ont raison. D’un point de vue strictement scientifique, l’expérience ne vaut pas un clou. Quant à son ambition qui consiste à hiérarchiser naïvement les techniques de combat, elle traduit surtout l’igno- rance dans laquelle on tient la plupart des arts martiaux un peu moins connus que le judo, le karaté ou le taekwondo. On pense ici au wushu, à la capoeira, au krav-maga, au kalaripayattu, etc. Seule une poignée de passionnés est capable de distinguer ces disciplines les unes des autres et de les ranger selon leurs origines géographiques et leurs spéci- ficités. On atteint même un sommet de confusion lorsqu’on évoque le taï-chi- chuan et le qi gong (prononcez «tchi gong» ). Ces termes font généralement naître dans l’esprit de la plupart des images de personnes se livrant dans les parcs publics à des mouvements lents rappelant vaguement d’anciennes tech- niques de combat. En outre, comme les deux disciplines contiennent le mot «chi» , on se dit qu’elles doivent être plus ou moins parentes. Pourtant, non. Une fille au corps de jade Bien que nos langues européennes les prononcent de la même façon ( «tchi» ), les termes de «qi» et «chi» ne désignent pas la même chose. «Qi» signifie énergie vitale, tandis que «chi» exprime l’idée de lutte pour la vie. Le qi gong comme le tai- chi-chuan travaillent donc sur la maî- trise de l’énergie. Mais le qi gong est plus vaste et plus ancien. Née il y a environ 2000 ans, cette gymnastique propose Michelle Obama, complètement chéduite

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