Extrait Sport & Vie

hors-série n o 49 5 pour courir. Une idée qui, bien sûr, plaît beaucoup à tous les adeptes du running au sein d’un large panel allant de ceux qui se contentent de faire de temps en temps le tour de leur quartier jusqu’aux marathoniens assidus qui n’imaginent pas leur vie sans sport. Seulement, il se trouve que la course ne constitue pas la seule justification possible aux caractéristiques morphologiques qui nous intéressent. «Nous ne faisons pas que courir» intervient Steven Mithen, archéologue et professeur à l’Université de Reading au Royaume-Uni (1). «Nous grimpons aussi aux arbres. Nous sautons. Nous bondissons et nous dansons. Se pour- rait-il que nos longs tendons qui font office de ressorts, notre taille élancée, notre gros derrière et nos petits pieds aient été le fruit d’une longue sélection, non pas pour mar- cher et courir, mais plutôt pour virevolter, sauter, pirouetter, et peut-être pour réaliser une arabesque ou un échappé sous le soleil africain?» A peine formulée, l’audace de cette suggestion semble lui faire peur et il s’empresse de répondre à cette ques- tion par la négative. Cependant, il ajoute ceci: «en fait, toutes ces activités ont été rendues possibles par l’anatomie bipède d’ homo ergaster qui dépasse largement ce qu’il faut pour simplement marcher sur deux jambes.» Puis il rappelle que par- tout sur Terre, les humains dansent. Qu’il s’agisse des pygmées d’Afrique, du peuple Korubo du Brésil ou des Jarawa dans les îles Andaman de l’océan Indien: tout le monde sacrifie à ce rite et se tré- mousse en musique à échéances plus ou moins rapprochées. Et cela dure vrai- semblablement depuis très longtemps. Des peintures rupestres du paléo- lithique laissent penser qu’on dansait dès l’aube de l’humanité. Naturellement, on se pose la question: pourquoi? Quelle force secrète animait nos ancêtres? Quel rôle précis la danse jouait dans leur vie? Et pourquoi cette habitude a-t- elle été perpétuée jusqu’à aujourd’hui? Les êtres humains sont nés pour courir, disions-nous plus haut. Et s’ils étaient aussi nés pour danser? notamment le corps qui, sans cela, aurait tendance à tomber vers l’avant. Ajoutons de performantes glandes sudoripares et une habileté à respi- rer par la bouche pendant les tâches ardues, nous conviendrons que nous sommes effectivement très bien adap- tés aux grandes cavalcades. En 2009, la théorie de Bramble et Lieberman a connu un regain d’intérêt avec la sor- tie du livre Born to Run de Christopher McDougall. Le titre est explicite. Pour son auteur aussi, nous serions donc nés qui rend la foulée plus efficace sur le plan énergétique, mais aussi l’arche du pied, les ligaments du cou, la longueur des jambes, l’allègement des extrémités (mains, pieds) et d’autres choses encore qui nous permettent de compter parmi les meilleurs coureurs en endurance de la création. Sans oublier les fesses! On a tout de même hérité des plus grosses fesses de tout le règne animal. Or ce groupe musculaire joue un rôle mineur en marche. En revanche, il est extrê- mement utile quand on court et retient Homo Fredaster

RkJQdWJsaXNoZXIy MTEzNjkz