Extrait Sport & Vie

DÉCOUVERTE plus paisibles que les mangeurs de viande qui se comportaient spontané- ment de façon belliqueuse. Ces associa- tions sont encore présentes dans l’ima- ginaire contemporain où l’on combine souvent la viande aumasculin et le végé- tal au féminin. Des peuples traditionnels comme les Kufa d’Ethiopie ont même poussé le vice jusqu’à punir les femmes et les réduire en esclavage si d’aventure, elles étaient surprises en train de man- ger du poulet (*). Plus proches de nous, «L’homme se nourrit aussi de symboles» disait Jean Trémolières (1913-1976) que beaucoup de gens considèrent comme le véritable précurseur de la nutrition scientifique. Il avait tout à fait raison. Les mythes imprègnent l’histoire humaine et exercent leur influence jusque dans notre façon denous nourrir.Malgré l’avancée des connais- sances, certaines den- rées jouissent d’une réputation totale- ment irrationnelle. En général, on se base sur la forme. Ainsi les asperges sont cen- sées exciter le désir masculin. L’odeur, la couleur, la texture jouent également. Et l’origine, bien sûr. Les linguistes parlent alors de «consubstantialité» . Un mot compliqué pour désigner un prin- cipe bête comme chou qui consiste à croire qu’on se transforme en fonction de ce qu’on ingurgite. Ce mythe de la consubstantialité change notre regard sur les phy- sionomies et les morphotypes. Les caractères aussi seraient affectés, selon cette croyance. Autrefois, on pensait que les buveurs de lait étaient par nature Sommes-nous ce qu’on mange? Le mythe de la consubstantialité se trouve résumé dans la phrase « on est ce que l’on mange ». D’ailleurs, comme l’écrit Gérard Depardieu dans son ouvrage Lettres volées , « il n’y a qu’à regarder les charcutiers. Ils ont tous une tête de pâté! » hors-série n o 47 12 (*) L’anecdote est racontée par l’écrivaine féministe Carol Adam auteur d’un ouvrage sur la question inti- tulé The Sexual Politics of Meat: A Feminist-Vegetarian Critical Theory. Le sophisme de Gérard Depardieu

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